Gestionnaires : comment sortir de la crise actuelle ?

27 janvier 2025
Les temps sont durs pour les gestionnaires, clame-t-on sur toutes les tribunes. Surmenés, épuisés, ils font face à une génération d’employés qui refusent toute forme d’autorité. Pour sortir de cette impasse, Anne-Sophie Michel, formatrice Isarta, propose de revenir aux fondamentaux de la gestion, à travers deux nouvelles formations : D’employé à gestionnaire : Maîtriser la transition et les clés du leadership et Communication et intelligence émotionnelle : développez vos compétences relationnelle. Entrevue.
Isarta Infos : À travers votre pratique, observez-vous cette fameuse crise de la gestion dont plusieurs parlent ?
Anne-Sophie Michel: Absolument. Récemment, j’ai animé un groupe de 25-30 personnes dans le domaine manufacturier, tous des gestionnaires. Ils rencontraient justement beaucoup de difficultés à recruter des nouveaux superviseurs, donc des nouveaux gestionnaires.
Le travail de gestionnaire est rendu excessivement compliqué. J’entends des histoires d’employés qui s’absentent quand bon leur semble, dans un contexte où la chaîne de production doit être planifiée de manière très serrée.
D’où vient le problème, selon vous ? Des employés qui refusent de se faire commander ou des gestionnaires qui sont mal outillés ?
A.-S. M: Les deux. Avant, la gestion se faisait beaucoup dans un mode autoritaire. Si tu n’étais pas content, on te répondait d’aller voir ailleurs. Aujourd’hui, on ne peut plus dire ça… car l’employé va vraiment aller voir ailleurs !
Nous sommes dans une transition du leadership autoritaire vers un leadership plus humain. Si tu n’as pas le volet humain, tu n’auras pas la performance. Le problème, c’est que les nouveaux gestionnaires ne sont pas bien formés, ou s’ils le sont, on ne leur donne pas d’accompagnement par la suite, dans leur rôle de gestionnaire.
Quelles sont les compétences à aller chercher, comme nouveau gestionnaire?
A.-S. M: Tout d’abord, rappelons qu’être gestionnaire, c’est un métier en soi. Ce n’est pas parce qu’un employé est le meilleur professionnel ou le meilleur dans son métier qu’il est nécessairement capable d’être gestionnaire. Il doit posséder ou développer des compétences relationnelles. Comme l’écoute active, par exemple.
Un ami gestionnaire m’expliquait que, depuis un an, un de ses meilleurs employés avait un important changement de comportement – qu’il n‘écoutait plus, qu’il était moins performant etc. J’ai alors demandé à mon ami s’il s’était assis avec lui pour savoir comment il allait. Et la réponse a été… non !
Les gestionnaires doivent développer un mélange d’empathie, d’écoute active, de relation humain à humain, pour être capables de dire : « regarde, je suis là , s’il y a quoi que ce soit, sinon, je te pointe vers les bons outils pour que, ultimement, tu ailles bien, pour que tu puisses faire ton travail, pour qu’ensemble on atteigne nos objectifs. »
Que peuvent faire concrètement les organisations pour aider les gestionnaires à tendre vers ce leadership plus humain ?
A.-S. M : Ce qui manque beaucoup, c’est de l’accompagnement. On ne peut pas enseigner et développer des habiletés relationnelles juste en écoutant quelqu’un parler. Ça prend absolument du coaching, de l’accompagnement dans la vraie vie, donc dans le milieu de travail.
Le coaching, c’est l’occasion de faire de la rétroaction sur ce qui s’est passé, pour dégager les bons coups et les leçons apprises. Mais c’est aussi pour planifier des stratégies, afin de surmonter les difficultés qui vont se présenter dans le futur.
Un autre aspect de la «crise» des gestionnaires est qu’ils sont tous très débordés… Que peuvent-ils faire pour garder la tête hors de l’eau ?
A.-S. M : J’aborde cet enjeu dans une autre formation: Gestion de projet – Les fondamentaux de l’organisation du travail, où j’enseigne des techniques de gestion de projet très concrètes, comme la planification et la priorisation de tâches.
Souvent, les gens ont l’impression que la gestion de projet concerne uniquement les très gros projets, alors que, au fond, c’est de l’organisation du travail. En formation, j’aide les gestionnaires à décortiquer ce qu’ils ont à faire pour le voir comme de petits projets. Pour obtenir un leader « idéal », on a besoin des deux volets : la performance et l’humain.
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