EmoScienS : quand le bien-être au travail passe… par la reconnaissance faciale! Reviewed by Philippe Jean Poirier on . [caption id="attachment_76464" align="aligncenter" width="506"] Pierrich Plusquellec, courtoisie[/caption] 17 août 2020 La start-up québécoise EmoScienS a créé [caption id="attachment_76464" align="aligncenter" width="506"] Pierrich Plusquellec, courtoisie[/caption] 17 août 2020 La start-up québécoise EmoScienS a créé Rating: 0

EmoScienS : quand le bien-être au travail passe… par la reconnaissance faciale!

Par

Pierrich Plusquellec, courtoisie

17 août 2020

La start-up québécoise EmoScienS a créé une application de reconnaissance faciale qui utilise la Webcam de l’ordinateur pour détecter l’état émotionnel des utilisateurs, dans le but de les aider à identifier leur période de stress ainsi que celle de haute productivité. Salutaire… ou intrusif, cet outil de productivité au travail? Un peu des deux, répond le cofondateur et CEO Pierrich Plusquellec, aussi professeur agrégé à l’Université de Montréal.

L’application en question en est encore à sa version bêta; elle fait actuellement l’objet d’un projet pilote dans une institution d’enseignement. Elle viendra en soutien au personnel administratif, puis aux enseignants dans une deuxième phase.

Plus largement, elle vise un marché d’entreprises et d’organisations qui désirent offrir à leurs employés un outil de régulation des émotions.

Nous avons créé une application qui prend des photos à intervalle régulier, aux 5 minutes, quand l’utilisateur est face à son écran d’ordinateur. Les photos sont transférées sur nos serveurs et nos algorithmes produisent un rapport émotionnel de la semaine de l’utilisateur », explique le fondateur.

L’application agit comme un miroir émotionnel. L’utilisateur/employé est informé de ses pourcentages d’émotions positives et négatives, ainsi que de ses pourcentages de joie, de tristesse, de colère, selon l’heure des captations. Il peut dès lors associer des émotions à des activités, pour prendre conscience de celles qui le stress ou lui font du bien.

L’application peut aussi servir, dans un deuxième temps, de miroir à l’état émotionnel de l’organisation. Il faut pour cela qu’un nombre critique d’employés activent la fonctionnalité de partage des données «anonymisés».

Un outil de « connaissance de soi »

Pierrich Plusquellec et son équipe appuient leur démarche sur la science de la psychologie positive et sur les travaux du psychologue et économiste Daniel Kahneman, lauréat d’un prix Nobel d’économie, pour qui le secret du bien-être réside «dans la manière de gérer son temps».

En utilisant notre plateforme, l’employeur fait le pari qu’un employé qui apprend à réguler ses émotions augmente par le fait même sa productivité; et ça, c’est soutenu par tous les travaux sur l’intelligence émotionnelle. Le lien entre la gestion des émotions et la performance au travail est clairement documenté.»

L’employé peut aussi, disions-nous, partager ses données anonymisées à l’employeur. L’application peut dès lors devenir un outil de mobilisation pour ce dernier.

Si le moral est bas dans un département, les employés peuvent décider, d’un commun accord, de partager leurs données anonymisées pour signifier à leur gestionnaire que quelque chose ne va pas. »

Le fondateur d’EmoScienS s’inspire ici des travaux de Sigal Barsade sur la culture émotionnelle. C’est en développant cette culture, dit-il, que l’on peut augmenter la rétention des employés.

Une mesure indépendante

Sonder l’humeur des employés n’a rien de nouveau. C’est tout le succès d’une entreprise comme GSOFT. L’approche d’EmoScienS, qui mise sur la reconnaissance faciale, offre deux avantages majeurs sur les sondages traditionnels.

Nous proposons une mesure indépendante de ce que l’employé lui-même peut penser de son état émotionnel. C’est donc différent de ce que les autres entreprises peuvent proposer jusqu’à maintenant. Les questionnaires et les sondages d’entreprise sont biaisés, car les gens peuvent dire qu’ils vont bien bien, même si ce n’est pas le cas – et aussi, ça prend du temps à l’utilisateur, qui doit chaque jour répondre à des questions manuellement. »

Cela étant dit, EmoScienS ne vise pas directement le marché de la culture d’entreprise.

Nous n’avons pas l’ambition de créer une discussion sur les enjeux de gestion, explique Pierrich Plusquellec. Nous sommes du côté de la santé émotionnelle; on veut éduquer et autonomiser les gens par rapport à leur gestion émotionnelle. »

L’entrepreneur précise que l’outil n’est pas « prescriptif » :

C’est un outil se connaissance de soi; si un utilisateur découvre qu’il n’est pas capable de remonter la pente et de réguler ses émotions, ou qu’il éprouve des symptômes d’anxiété ou de dépression, nous avons établi des partenariats avec des associations de soutien psychologique. Nous pouvons aussi diriger les employés vers le programme d’aide aux employés de l’organisation. »

Intrusive, comme technologie?

Avec une telle application, les employés ne risquent-ils pas de se sentir « épié » au travail ? Pierrich Plusquellec concède que la reconnaissance faciale est une technologie « intrusive ». Il fait toutefois remarquer que les  « GAFA de ce monde » l’utilisent déjà, souvent à notre notre insu, parfois dans des contextes nébuleux de revente de données.

Nous faisons le pari qu’en éduquant les utilisateurs sur l’existence de ces données, ils pourront les utiliser à leur avantage. Notre système est entièrement contrôlé par l’utilisateur, qui est le premier à voir ses données; il peut trier ses photos avant de les envoyer à nos serveurs. Il peut aussi décider de ne jamais partager ses données à l’employeur, ou tout autre parti. »

Pierrich Plusquellec concède que ce modèle d’affaires va à contre-sens de ce qu’on voit actuellement.

Nous avons une approche user first, qui est complètement à contre-courant. Nous voulons montrer qu’il est possible de développer un modèle d’affaires éthique et socialement responsable, dans ce domaine de la captation intrusive que sont les émotions. »

Pour ajouter à sa crédibilité, l’équipe d’EmoScienS a reçu une subvention de 100 000 $ de l’Université de Montréal pour développer une application qui soit en phase avec la Déclaration de Montréal IA responsable.



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