Employés ambassadeurs sur les réseaux sociaux : « Une des clés, c’est de rendre l’expérience ludique »
2 décembre 2024
Dans un article récent, nous avons mentionné la tendance de confier sa création de contenu sur les médias sociaux à ses employés. Renaud Margairaz, stratège en marque personnelle et fondateur d’Eminence branding, nous a contacté pour nous donner une idée plus juste de comment se déroulait une campagne d’employés ambassadeurs.
Bonjour Renaud. Vous accompagnez des entreprises dans le coaching d’employés ambassadeurs dans le cadre de campagne de publication de contenu sur les médias sociaux. Selon vous, ces campagnes se déroulent principalement sur LinkedIn, et rarement sur TikTok ou Facebook.
Renaud Margairaz: Nous avons en effet très peu de demandes pour des stratégies de campagne d’employés ambassadeurs en dehors de LinkedIn. Si on prend les exemples d’Instagram et Facebook, c’est perçu par les employés comme si on entrait un peu trop dans leur vie privée. Il y a donc toujours une question de frontière personnelle-professionnelle, qui fait peur à beaucoup d’entreprises.
À une certaine époque, les employeurs ne voulaient pas encourager leurs employés à aller sur LinkedIn de peur qu’ils se fassent recruter par des employeurs concurrents? Est-ce toujours le cas?
R. M. : Je vois beaucoup moins cette mentalité aujourd’hui. Les employeurs ont compris que le potentiel de valorisation des employés est plus important que le risque de les perdre. Quand on accompagne quelqu’un en lui disant : « tu es le porte-parole de l’entreprise, tu peux communiquer du contenu, on va t’accompagner et te former », les gens le sentent comme une valorisation. Et, en fin de compte, ils restent plus longtemps en poste.
Selon ton expérience, quels sont les critères de succès pour accompagner ses employés-ambassadeurs sur LinkedIn ?
R. M. : Je vois trois critères. Le premier, c’est le poste de la personne. Il faut choisir des personnes pour qui faire rayonner l’entreprise fait partie de la nature de leur travail. On va faire rayonner des gens en ressources humaines, des chefs d’équipe, des responsables des ventes ou des experts techniques. Un employé provenant du département de la comptabilité d’une entreprise logicielle n’aurait pas nécessairement d’intérêt à être présent sur LinkedIn.
Ensuite, on va regarder sa présence actuelle sur les médias sociaux. Si on prend quelqu’un qui a déjà un réseau de contacts déjà bien établi, on peut les aider à propulser leur contenu un peu plus loin.
Troisième point : les employés ambassadeurs doivent avoir envie de participer. Selon moi, obliger tous ses employés à devenir des ambassadeurs sur LinkedIn est une erreur. Quand l’accompagnement se termine, on veut qu’ils soient autonomes et qu’ils aient envie de continuer.
Quels risques voyez-vous à encourager une telle pratique ? Que fait-on si un employé s’écarte de la ligne éditoriale de l’entreprise?
R. M. : Nous n’avons jamais eu de problèmes avec des employés qui auraient tenu des propos qui portent préjudice à l’entreprise. Par contre, les employés qui publient plus fréquemment sur LinkedIn s’exposent à la possibilité de se faire troller dans les commentaires. Car c’est une chose que nous remarquons aujourd’hui : même si LinkedIn est une plateforme publique, visible par tout son réseau professionnel, de plus en plus de gens font des commentaires négatifs dans les publications d’autrui. Certaines personnes font des attaques assez frontales, ce qui est surprenant.
Que faut-il faire dans cette situation ?
R. M. : La question est délicate. Idéalement, on ne veut pas censurer le commentaire. Dans certaines situations, ma recommandation a été de contacter en privé la personne qui a émis le commentaire. Les deux personnes se sont expliquées. Quand on prend le temps de discuter, d’avoir un dialogue et d’écouter l’autre, on parvient à se comprendre.
Comment garder les employés mobilisés à publier sur les médias sociaux ?
R. M. : Une des clés, c’est de rendre l’expérience ludique. Lors de rencontres de groupe avec les employés-ambassadeurs, nous attribuons un mini-podium : médailles d’or, d’argent et de bronze en fonction des meilleures publications de chacun.
Si un des employés dépasse les 10 000 impressions durant l’accompagnement, on lui fait livrer une bouteille de champagne sur son bureau. À la fin, les gens se prennent au jeu. Et ça devient vraiment une dynamique très positive, où tout le monde s’entraide.
Nous nous assurons aussi de montrer l’impact à l’employeur : à la fin de l’accompagnement, nous produisons un grand rapport de performance pour la haute direction. Celui-ci contient la portée des publications, puis les compétences développées par les employés.
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