Et si les entrepreneurs misaient sur «l’effectuation» pour surmonter la crise tarifaire ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . Steve Trinque, coach à l’École d’entrepreneurship de Beauce (source : courtoisie) 7 juillet 2025 La politique tarifaire de Donald Trump force les PME qui export Steve Trinque, coach à l’École d’entrepreneurship de Beauce (source : courtoisie) 7 juillet 2025 La politique tarifaire de Donald Trump force les PME qui export Rating: 0

Et si les entrepreneurs misaient sur «l’effectuation» pour surmonter la crise tarifaire ?

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Steve Trinque, coach à l’École d’entrepreneurship de Beauce (source : courtoisie)

7 juillet 2025

La politique tarifaire de Donald Trump force les PME qui exportent vers les États-Unis à diversifier leurs marchés ou leurs produits pour passer à travers cette crise. Steve Trinque, coach à l’École d’entrepreneurship de Beauce, suggère aux dirigeants d’entreprise de miser sur « l’effectuation ». Explications

Déjà, de quoi s’agit?

En management, on parle du concept « d’effectuation » quand, au lieu de se faire un plan détaillé à l’avance, on chercher à créer de la valeur à partir des ressources à sa disposition, explique Steve Trinque. Par exemple, j’ai du bois, j’ai des employés, j’ai des machines… Comment je peux faire de l’argent avec ça ? Tous les entrepreneurs ne sont pas capables de se mettre dans cet état d’esprit. »

À la base, l’idée est donc d’amener les dirigeants à redécouvrir leur côté « visionnaire » ou à s’entourer de gens qui le sont.

En entrepreneuriat, il y a un côté intégrateur. Les dirigeants de start-up, par exemple, sont généralement en mode visionnaires. Ils doivent s’entourer d’intégrateurs pour prendre leur vision, la concrétiser, puis faire de l’argent avec. En temps de crise, c’est l’inverse qui se produit : les entrepreneurs qui sont en mode intégration se rendent compte que leur modèle d’affaires ne marche plus. Ils paniquent et se paralysent. Ils doivent redevenir créatifs.»

S’appuyer aussi sur les équipes

Comme le rappelle le coach de l’École de Beauce, les PME québécoises ne pourront pas toutes se tourner vers d’autres marchés pour compenser leur perte de clientèle. Elles devront donc explorer d’autres avenues.

Des PME ont essayé de se réorienter vers l’Europe. La réalité, c’est qu’il y a là-bas aussi des fabricants et des manufacturiers qui occupent cet espace. Il faudra être pas mal plus innovateur qu’on l’a été jusqu’à maintenant, » assure-t-il.

Tout ne repose sur les seules épaules des entrepreneurs.

Les employés sont des gens vers qui on peut se retourner et dire, gang, on a des ressources ici. Si on n’est plus capable de vendre nos services et nos produits comme on le vendait avant, comment peut-on tirer parti de notre expertise pour offrir d’autres services ?”

Au bout du raisonnement, Steve Trinque évoque la question difficile de la « raison d’être » de l’entreprise.

Il faut se poser la question : est-ce que mon entreprise a encore une raison d’être dans le monde actuel ? C’est une question fondamentale. Comme entrepreneur, il faut avoir l’honnêteté de se regarder dans le miroir et de se demander si son entreprise a encore une raison d’être dans le contexte tarifaire ? Si ce n’est pas le cas, il faut réfléchir à des moyens de s’ajuster pour retrouver sa pertinence dans le marché. »

Avoir un esprit en « arborescence »

Dans un balado récent de Ta F**king culture d’entreprise, il était intéressant de voir comment un entrepreneur « visionnaire » aborde le sujet. Philippe Gauthier, fondateur de Buildup Recrutment, se décrit comme un entrepreneur innovant, avec un esprit qui fonctionne en « arborescence » plutôt que de manière « séquentiel ».

Je suis quelqu’un de créatif, d’innovant, mais parfois mon timeline est difficile à définir. Parfois, j’ai une vision – je dis, ok, on va là ! Mais pour une personne qui est plus séquentielle – ça peut être quelque chose d’anxiogène, ça peut aussi être mal compris et être perçu comme une personne qui ne sait pas où il s’en va et qui est un peu girouette. »

Ces mises en garde sont importantes ; pour encadrer ses pulsions « visionnaires », son entreprise a mis en place un comité interne pour optimiser les communications. Tout en misant sur une « politique de la porte ouverte » :

Moi et mon associé, on a toujours dit [aux employés] : on préfère que tu le dises mal que tu ne le dises pas. Nous avons une culture de porte ouverte – les gens viennent nous voir et nous disent tout ce qui leur passe par la tête. On a bâti cette confiance-là avec nos employés, et chaque fois qu’on s’est dirigé dans le mur, tous ceux qui sont dans leur zone de génie nous ont challengés. »

Tout juste après, Philippe Gauthier soulève un autre point important :

Il faut alors avoir l’humilité de mettre son ego de côté et dire, d’accord, je me suis trompé, ce n’était pas la bonne direction, merci de me l’avoir dit. »   

Conclusion : il faudra un brin de folie pour traverser la crise tarifaire. Tout en sachant écoutant ses employés.




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