Êtes-vous prêt pour les « tracances », le travail depuis son lieu de vacances ?
3 juillet 2023
Difficile de passer à côté : le néologisme « tracances », contraction de « travail » et de « vacances », contient également le mot « tracas »… Et pourtant, le concept séduit. Il consiste à travailler d’une destination voyage, ou, à tout le moins, loin de chez soi et du bureau. Comment une entreprise peut-elle offrir cet avantage sans se tracasser de compromettre ses opérations ou créer un sentiment d’iniquité au sein de ses troupes?
Nous avons posé la question à Annie Boilard, CRHA, présidente de Réseau Annie RH. Plus que familière avec le concept, la conseillère RH a implanté cet avantage social nouveau genre dans son entreprise. Elle s’en est elle-même prévalue lors de marathons annuels et, surtout, elle a aidé quelques entreprises à écrire leur propre politique de « tracances ». La conseillère RH a eu la gentillesse de nous esquisser les grandes lignes d’une politique en bonne et due forme.
Le document peut tenir sur deux pages, ce n’est rien d’extravagant », rassure-t-elle.
Elle propose de porter attention à quatre points :
1 – Qui est admissible ?
Les entreprises qui décident d’implanter une politique de «tracances» sont libres de choisir qui est admissible ou non pour se prévaloir d’un tel avantage. Il est sage d’apporter certaines restrictions.
Souvent, nous allons exclure les stagiaires, ainsi que les nouveaux employés qui sont en accueil et intégration. Idéalement, on veut avoir ces gens au bureau. »
Pour des raisons évidentes, Annie Boilard ajoute également à cette liste les gens dont l’emploi ne s’adapte pas au télétravail (ex : métier manuel ou de réception), ainsi que les gens qui sont en situation de « sous-performance ».
2- Quand peut-on s’en prévaloir ?
Ce point englobe toutes les facettes reliées au temps : quand peut-on s’en prévaloir, combien de fois par année et pour combien de temps?
Dans notre entreprise, notre politique prévoit qu’on ne peut pas prendre de tracances pendant notre haute période – de septembre jusqu’au printemps, illustre la conseillère. Les employés ont ainsi droit à un épisode de tracances par année, pendant l’été. »
Une entreprise peut évidemment décider d’être très généreuse et d’accorder plusieurs semaines de tracances. Toutefois, la CRHA prévient que des lois fiscales peuvent alors s’appliquer dans les pays hôtes.
Lorsque la période de tracances est trop longue, ça peut poser des enjeux de permis de travail et aussi de santé et sécurité. »
3 – Où peut-on aller ?
En théorie, le concept de tracances peut aussi bien s’appliquer à une personne qui loue un chalet dans les Laurentides qu’une personne qui voudrait… travailler tout en visitant les attraits du Taj Mahal en Inde. Dans la pratique, il est préférable de poser des limites.
La première chose à vérifier est le droit du travail local. Il ne faut pas croire que, parce que mon employeur est Canadien, je n’ai pas besoin d’un permis de travail. Dans certains pays, on a besoin d’un permis à la première minute de travail. »
En guise d’exemple, Annie Boilard explique que, dans son entreprise, les tracances sont recommandées au Québec et elles sont acceptées au Canada, mais pas à l’international.
4 – Quelles sont les responsabilités des parties?
Par souci de transparence, l’employeur a intérêt à nommer les responsabilités de chacune des parties lorsqu’un employé décider d’accomplir sa prestation de travail loin de son domicile ou du bureau.
C’est à l’employé de s’assurer d’avoir une connexion Web à la fois sécuritaire et de bonne qualité. Au niveau santé et sécurité, l’employeur peut aussi demander à l’employé de lui envoyer une photo de son poste de travail, pour s’assurer que son environnement soit ergonomique. »
Habituellement, les frais d’assurances, de santé, de vaccins, de logement et de déplacement seront au frais de l’employé.
Il y a des entreprises qui offrent un cachet pour la période de tracances, note Annie Boilard. Ça peut être symbolique – soit une centaine de dollars – ou plus substantiel – de mille à deux mille dollars, pour faciliter le projet. Ça peut alors devenir un outil d’attraction et de rétention de talent », fait valoir la CRHA.
Avec une telle politique entre les mains, il ne vous reste plus qu’à souhaiter à votre employé… le meilleur des voyages!
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