« La pénurie de main d’oeuvre est devenu l’enjeu numéro 1 pour le commerce de détail »
Par Kévin Deniau
8 mars 2019
À quelques jours de HOP! le sommet du commerce de détail, les 19 et 20 mars prochains, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) lance une nouvelle initiative pour combler les besoins de main-d’œuvre du secteur : l’Accélérateur de carrière au détail. Léopold Turgeon, président-directeur général du CQCD, nous explique les enjeux derrière cette décision.
L’association regroupant la grande majorité des entreprises du commerce de détail et de la distribution au Québec a décidé de prendre le taureau par les cornes face à l’enjeu de la pénurie de main d’oeuvre qui touche le secteur (et tout le marché en général).
Voici les contours de ce nouvel accélérateur de carrière au détail (ACAD).
Pouvez-vous nous présenter tout d’abord la fonction de cet accélérateur de carrière au détail ?
Léopold Turgeon : Il s’agit d’un projet visant à accompagner les détaillants dans l’embauche de main-d’œuvre qualifiée. Concrètement, cela va se matérialiser par différentes activités au cours de cette année, notamment des rencontres de concertation avec la Direction régionale de Services Québec de l’Île-de-Montréal, les conseils sectoriels, les détaillants et les maisons d’enseignement.
Les deux premières pistes concrètes auront lieu dans le cadre de Hop! le Sommet du commerce de détail, les 19 et 20 mars.
- Expérience Carrière : cet événement de recrutement, développé exclusivement pour les détaillants (40 exposants) se tiendra le 19 mars au Palais des congrès de Montréal, de 10 h à 17 h. Les chercheurs d’emplois sont invités à se présenter avec leur curriculum vitae sur place. On espère avoir entre 600 à 800 candidats.
- Par ailleurs, un atelier de travail sur les enjeux de la main-d’œuvre sera également organisé le 20 mars. Disponible sur invitation, il invitera les participants à réfléchir à des pistes de solutions pour le secteur
Quelles sont les raisons qui vous ont amenés à lancer cette nouvelle initiative ?
L. T. : Il faut savoir qu’on faisait une activité similaire pour le secteur de la mode auparavant. Mais on avait beaucoup de pressions d’autres partenaires, des détaillants d’autre secteurs. C’est très clairement devenu l’enjeu numéro 1 donc on voulait faire plus et donner un coup de main à la communauté. On en a au moins pour 10 ans avec ce sujet !
Quel est le contexte de la pénurie de main d’oeuvre dans le secteur du détail ?
L. T. : Déjà, il faut savoir que 6 000 emplois de commis vendeurs sont vacants au Québec. Mais il y en a aussi d’autres types qui sont recherchés. Pour vous donner un ordre d’idée, nous avons recensé que 83 entreprises avaient près de 250 emplois rémunérés plus de 50 000 $ annuel non pourvus, trois mois après leur annonce. C’est énorme !
On ne parle pas d’enjeu à 5 ou 10 ans, ce sont des postes qui sont à pourvoir maintenant. Souvent dans le numérique, ce qui n’est pas évident car c’est là où la concurrence est la plus rude. Les emplois changent et on a besoin d’employés à valeur ajoutée.
De quel type d’emploi parle-t-on par exemple ?
L. T. : Ce sont des métiers spécifiques. En voici quelques-uns :
- Programmeur et intégrateur Web (50 000 à 75 000 $ annuels)
- Animateur de médias sociaux, gestionnaire de communauté (de 45 000 à 60 000 $)
- Analyste de méta données (de 85 000 à 150 000 $)
- Spécialiste SEO (70 000 et 100 000 $)
- Spécialiste eCommerce (70 000 à 90 000 $)
- Service à la clientèle (peut aller jusqu’à 50 000 $)
Le commerce de détail est vraiment un secteur qui va être très intéressant si l’on regarde ce qui s’en vient : les robots, l’intelligence artificielle, la reconnaissance faciale, la réalité augmentée, les objets connectés, l’analytique… Quand on voit tout ça, on voit les opportunités pour les entreprises mais aussi pour les employés. Pourtant, pas grand monde ne voit ça.
A quoi réfléchissez-vous comme prochains développements ?
L. T. : Ces premières activités sont un premier jalon, mais on veut aller beaucoup plus loin que cela. L’idée, c’est de d’abord tester la formule, pour essayer de trouver des solutions pour nos détaillants. On veut se positionner comme un fédérateur et créer des écosystèmes. Aider la communauté, c’est notre mandat.
On parle ici de recrutement, mais ce n’est qu’une partie. Il faut parler de rétention, de formation continue, de programme de développement de carrière. C’est un ensemble et nous voulons les accompagner sur tout ce processus.
J’ai retrouvé une présentation de 2013. Déjà, on parlait des enjeux de main d’oeuvre… mais cela a augmenté de manière exponentielle depuis !
Isarta est partenaire de l’événement Expérience Carrière, le 19 mars prochain, au Palais des Congrès de Montréal.
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