La politique de congés de maladie « illimités » d’Antilope: une question de « confiance » envers les employés
3 février 2022
Créée en 2018, l’agence de publicité en ligne Antilope a toujours prôné la flexibilité dans la gestion des horaires et du nombre d’heures de travail. La nouvelle politique de congés maladie « illimités » adoptée en début de pandémie – informellement baptisée « journées pyjama » en interne – s’est donc naturellement intégrée dans le paysage de l’entreprise, sans choc majeur. Nous avons abordé la question avec le fondateur de l’entreprise, Charles Davignon.
Dans le milieu des agences, nous avons la chance de fonctionner selon un modèle de gestion orienté sur des livrables et non les heures travaillées, explique le fondateur d’Antiloppe. Notre modèle de travail a toujours été flexible, et il est basé sur la confiance de chacun. »
Les employés d’Antilope pouvaient ainsi faire du télétravail avant même la Covid, illustre-t-il. Lorsque le premier confinement est survenu, la thématique de la santé mentale s’est imposée dans les médias et dans la société en général. C’est l’élément déclencheur qui a amené Charles Davignon à créer une politique de congés de maladie où l’employé ne se retrouvait pas dans une position où il devait justifier son absence.
Ce que j’ai réalisé à ce moment, c’est que c’est facile d’admettre et de démontrer que l’on est blessé physiquement. Or, lorsqu’on parle de santé mentale, c’est beaucoup plus difficile de mesurer l’état d’une personne. Les gens ont tendance à juger de l’extérieur l’état [psychologique] de la personne. Et c’est aussi très difficile pour la personne elle-même, d’évaluer son niveau de fatigue ou d’épuisement. »
L’objectif derrière la politique d’Antilope est donc de retirer les obstacles à la décision de prendre une pause nécessaire, lorsque le besoin se présente.
Nous appelons cela des congés de maladie, mais ce sont davantage des congés de prévention à la maladie. L’idée est qu’un employé puisse se prévaloir, sans justification, de prendre une journée pour soi. »
Pas d’abus en vue
Charles Davignon note que la politique ne fait pas l’unanimité. Sur LinkedIn, des gens ont dit craindre les abus, alléguant que, dans leur propre milieu de travail, des employés prenaient des congés de maladie sans en avoir vraiment besoin.
Une personne qui veut abuser des congés de maladie, elle va le faire peu importe le modèle, répond le président d’Antilope. Dans notre cas, je n’ai pas observé de hausse substantielle de demandes de congé dans la dernière année. »
En contrepartie, Charles Davignon dit avoir vu un impact sur la réduction du présentéisme.
Dans une entreprise traditionnelle, il n’est pas rare de voir une personne qui ne se sent pas bien ou qui n’est pas inspirée venir malgré tout au travail. Ça va être une journée improductive, ou elle dérange ses collègues. Avec notre système, on évite ce genre de présentéisme. Nos employés peuvent se donner à fond au travail, sachant que, lorsque quelque chose va mal, ils ont aussi du temps pour récupérer. »
Charles Davignon précise demeurer à l’affût si une personne dépassait largement la moyenne – ce qui n’est pas arrivé jusqu’à maintenant. Le cas échéant, il prendrait le temps de s’asseoir avec la personne pour mieux comprendre sa situation.
Nous préférons miser sur un modèle de gestion basée sur la confiance envers les employés; ici, chacun est juge de son état de santé. C’est un modèle qui fonctionne très bien jusqu’à maintenant! »
Sur le même thème
RH