« L’agilité ne s’applique pas qu’au monde du numérique »
Par Kévin Deniau
17 octobre 2023
Professionnel de le gestion de projet, méthodologiste et coach agile spécialisé dans la transformation des grandes entreprises depuis plus d’une vingtaine d’années, Bruno Bouchard mène une nouvelle série de formations sur les méthodologies agiles. L’occasion de faire le point sur le sujet avec lui.
Bonjour Bruno. Qu’apportent les méthodologies agiles à une entreprise ?
Bruno Bouchard : Peu importe les conjectures qui existent, la réalité, c’est que le marché change aux 90 jours. Cela prend donc des méthodes pour travailler en équipe et gérer les projets en suivant ce rythme. Il est important aujourd’hui de prendre des décisions de plus en plus rapidement. Ce rythme fait en sorte qu’on doit trouver des techniques plus efficaces que dans le temps où l’on construisait des pyramides !
Comment expliquer cette évolution ?
B.B. : Les méthodes de gestion de projet ont été popularisées par la Défense Américaine qui voulait une approche répétitive pour gagner en efficacité. Le problème, c’est que quand la réalité change, il n’est plus possible de répéter sans cesse le même processus. Tout devient différent.
Une nouvelle approche, plus adaptative, est donc apparue. Au lieu de tout vouloir prédire, elle a voulu apporter les outils qui permettent de s’adapter au quotidien, car on sait que tout va désormais changer à l’avenir. L’agilité se base sur la rétroaction et la célèbre expression « échoue rapidement » (fail fast). Il n’y a pas d’échec, il n’y a que de la rétroaction qui permet de prendre de meilleures décisions.
Quel est le niveau de connaissance général des entreprises aux méthodes agiles ?
B.B. : C’est évidemment très varié. Il y a des entreprises qui n’en ont jamais entendu parler et d’autres qui sont bien plus loin que l’agilité de base. Globalement, je dirais qu’un tiers n’en a jamais entendu parler, un tiers commence à s’y mettre et un tiers est passé à l’échelle.
Il y a une vingtaine d’années, cette pratique était réservé au monde du développement logiciel. Aujourd’hui, il est prouvé que c’est efficace pour toutes les industries.
L’agilité est en effet souvent associée aux nouvelles technologies…
B.B. : Oui, mais le mythe est de croire que cela s’applique juste au monde du numérique. D’une part, il est rare aujourd’hui que les entreprises d’une certaine taille n’aient pas une partie logiciel, donc elles n’ont pas le choix d’intégrer cette pratique.
Ensuite, la base de l’agilité, c’est de prendre du temps avec ses clients pour comprendre son marché. Un enjeu pour tout le monde !
Quels sont les grands piliers de l’agilité ?
B.B. : Déjà, il faut savoir qu’il existe plus de méthodes agiles que je pourrais en mettre sur mes dix doigts. Toutefois, pour simplifier, je dirais qu’elles reposent toutes sur quatre valeurs :
- La collaboration, en mettant l’humain au centre.
- Le résultat tangible. On veut pouvoir comprendre l’intérêt des utilisateurs, se mettre dans leur peau et vérifier à leur contact qu’on va dans la bonne direction. C’est là que l’on retrouve la notion de rétroaction.
- L’adaptabilité. Peu importe ce que l’on découvre, il faut s’adapter en permanence.
- L’importance du client. On s’intéresse essentiellement à celui qui paie pour le produit ou le service.
Quelles sont les erreurs fréquentes en la matière ?
B.B. : Il faut savoir faire la différence entre le savoir être et le savoir faire. Autrement dit, on oublie souvent de revenir à la base en se concentrant essentiellement sur le savoir faire, la méthode et les outils. Sauf que le savoir être est ce qui permet tout le reste. Les valeurs et les comportements sont ce qui permet de faire fonctionner le processus.
Ensuite, je citerais le manque de soutien de l’exécutif. Faire de l’agilité, cela ne veut pas dire déléguer aux employés la stratégie et les façons de faire. C’est un exercice collectif. Il est important que tout le monde soit conscient de ce que l’amélioration continue signifie. Ce n’est pas une responsabilité qui se délègue, c’est le travail de tout le monde.
Quels sont les liens entre vos différentes formations ?
B.B. : C’est modulaire mais construit comme une suite logique. La première, « S’adapter à l’innovation », pose les bases de l’agilité avec un atelier pour comprendre la philosophie derrière. La deuxième, sur la mécanique de Scrum, peut se suivre sans connaître toute la base agile.
Ces deux modules se vivent pleinement à travers la planification du risque, qui est l’objet de la troisième formation. L’idée étant de voir comment partir d’un grand objectif et d’en faire une feuille de route pour réussir.
Celle sur les 3 C permet de comprendre le concept de Communication / Collaboration et Coaching, afin de développer une meilleure synergie d’équipe.
Enfin, la dernière évoque les techniques pour livrer plus rapidement. C’est un peu l’expression manger un éléphant une bouchée à la fois. On apprend comment découper ses projets afin de s’améliorer en continu.
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