L’art de travailler pendant ses vacances… pour mieux les rallonger !
23 juin 2021
Travailler pendant les vacances est un sujet à classer parmi les grands tabous du monde du travail. « C’est à proscrire! » nous disent les professionnels RH. Pourtant, une proportion non négligeable de travailleurs s’y adonnent. Et s’il y avait une autre manière de voir les choses?
Quand on lit des articles-conseils sur le sujet, tous les experts s’entendent pour dire qu’il faut faire une coupure complète pour réellement recharger ses batteries… L’année dernière, Marie-Ève Champagne nous avait d’ailleurs donné ses conseils pour réellement décrocher.
Toutefois, dans la réalité, une majorité de professionnels succomberont à l’appel. Aux États-Unis, 2 travailleurs sur 3 admettent se connecter au travail pendant les vacances (Glassdoor, 2017). Au Québec, la proportion est moindre, mais il y a tout de même 2 travailleurs sur 5 qui prennent leurs courriels et suivent la progression de leurs dossiers alors qu’ils devraient plutôt s’amuser avec les enfants à la plage. (Ordre des CRHA, 2015)
Tous ces hyperconnectés du travail font-il fausse route? Se privent-ils d’un repos réparateur? Il peut néanmoins y avoir une autre explication à cette intention de travailler (un peu) pendant les vacances. La voici.
Trop de congés inutilisés
En 2018, l’auteur Maurie Backman apportait une perspective des plus intéressantes, dans un article publié dans le USA Today. Tout d’abord, elle rappelait un sondage montrant que plus d’un Américain sur cinq (21 %) renonçait à prendre toutes les vacances auxquels ils avaient droit dans une année. La raison la plus plausible : ces travailleurs ont l’impression qu’ils ne peuvent tout simplement pas s’absenter du travail.
Nous ne pouvons faire disparaître notre charge de travail en claquant des doigts, mais nous ne devrions pas nous interdire l’opportunité de s’échapper du bureau pour de brefs mais nécessaires moments. La réponse, par conséquent, repose dans un étrange mais efficace compromis : travailler pendant les vacances, » explique-t-elle.
En effet, en consentant à répondre à quelques courriels pendant les vacances, il y a de bonnes chances que l’on soit moins anxieux à l’idée de laisser notre poste vacant pour une longue période.
Et si, par le fait même, ça nous permettait de rallonger nos vacances d’une, voire deux semaines… Le jeu n’en vaudrait-il pas la chandelle? Pouvoir partir plus tôt de notre ville de résidence, sachant que nous allons nous connecter une journée ou deux pendant la première semaine de vacances, par exemple.
Cette idée qui émane de 2018 est encore plus pertinence en 2021, maintenant que nous travaillons tous « à distance ».
Pas sans risque
Dans un sondage de 2018 mené par Wrike, on apprend que 18% des gens qui travaillent pendant les vacances le font pour mieux apprécier celles-ci. Cette approche de travailleur / vacancier apporterait ainsi une paix d’esprit à certains. Toutefois, l’année dernière, 18% également des travailleurs québécois affirmaient revenir plus fatigués des vacances qu’avant leur départ.
Bien sûr, il y a un point où trop de connexions peuvent nous distraire des vacances et ruiner l’objectif premier, qui est de profiter des vacances, reconnaît Maurie Backman. Mais si on sent que travailler un peu nous permet d’apprécier davantage un voyage, et que l’on fait ce travail par choix et non par obligation – alors il n’y a rien de mal à avancer un peu chaque jour pour avoir une plus grande paix d’esprit. »
L’auteur insiste sur le fait que cette décision doit venir du travailleur et non de l’employeur. Et que s’attendre à ce que les employés se connectent pendant leurs vacances ne devrait aucunement devenir la norme des milieux de travail ! Elle suggère d’ailleurs d’organiser son départ de la même manière qu’on le ferait lors de vacances normales, en désignant une personne à joindre en cas d’urgence.
Vacances en mode « pigiste »
Un petit mot personnel pour conclure. Travailler pendant les vacances, il faut dire que c’est le lot de bien des pigistes (je m’inclus dans ce groupe). Comme je n’ai pas de vacances formelles – payées par un employeur –, c’est souvent le compromis que j’ai choisi de faire : garder une disponibilité minimale, accepter de petits mandats qui ne sont pas trop prenant, afin de réduire l’impact financier des périodes sans revenu, pendant les vacances de Noël et d’été.
Évidemment, ça demande de la compréhension de la part de ma conjointe et mes enfants, qui aimeraient sans doute me voir complètement en vacances, toujours l’esprit libre et léger. Ultimement, le compromis est de réserver de « vraies journées de vacances déconnectées » durant les voyages familiaux.
Bonnes vacances estivales !
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