Les 3 grandes questions professionnelles
C’est en apprenant à se connaître que l’on parvient à faire les choix opportuns menant à une carrière épanouie. En cours de route, il aura fallu répondre aux trois grandes questions que voici.
19 janvier 2018
1. Le comment vs le pourquoi
En début de carrière, un premier dilemme qui se pose est celui du choix de l’emploi. Est-ce plus important d’occuper un emploi techniquement stimulant, qui met nos compétences à profit, ou alors de se mettre au service d’une entreprise qui correspond à nos valeurs? Qu’est-ce qui est le plus important: l’éventail des tâches que l’on effectue au quotidien ou la mission de l’entreprise pour laquelle on travaille?
Pour donner un exemple un brin caricatural, un informaticien «de gauche» peut choisir de travailler à sécuriser le site Web d’une banque parce qu’il trouve le défi professionnellement stimulant. Pourtant, il se peut qu’il désapprouve les valeurs capitalistes de cette entreprise.
Le milieu de la publicité pose ce même genre de dilemme. Plusieurs artistes décident de travailler en publicité parce qu’ils aiment le salaire et les moyens créatifs dont ils disposent, alors qu’ils détestent l’idée de vendre un produit à un client.
En 2012, le site CareerBuilder avait posé la question suivante à des recruteurs: est-il préférable de rechercher un «job de rêve» ou une «entreprise de rêve»? Un recruteur avait répondu:
Mon conseil est de toujours aller pour le job […] Ça n’a pas vraiment d’importance pour quelle entreprise ou quelle industrie on travaille, ce qui est important, c’est ce qu’on fait au quotidien.»
Un autre recruteur avait répondu l’exact contraire:
En tant que coach de carrière, je penche toujours du côté de la bonne entreprise au profit du bon emploi, quand c’est le choix auquel est confronté un chercheur d’emploi. [Si le fit des valeurs n’est pas bon], la dissonance sera très difficile à surmonter.»
Bien sûr, il existe des exceptions: quelques rares professionnels parviennent à trouver un emploi à la fois payant, techniquement stimulant et parfaitement aligné sur leurs valeurs. Ils dénichent le job de rêve dans l’entreprise de rêve. Malheureusement, on ne peut pas tous travailler pour Greenpeace!
Le plus probable, c’est que l’on ait à choisir entre un emploi stimulant et payant, qui ne répond pas nécessairement à nos valeurs, ou un emploi précaire, mal payé et mal outillé, mais dont la mission est noble.
Aussi bien réfléchir dès maintenant à ce que l’on désire entre ces deux mondes.
2. La carrière vs la famille
Le second dilemme arrive vers la fin de la vingtaine. À 28 ans pour être exact, soit l’âge moyen auquel les femmes canadiennes ont leur premier enfant.
Comme le chante si bien le groupe Harmonium, quand on décide de mettre «quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter»… et s’en occuper. Pour élever un enfant, certes, ça prend de l’argent (moins qu’on pense), ça prend du savoir-faire (moins qu’on pense), mais ça prend surtout du temps (plus qu’on pense!).
Pour s’occuper d’un enfant, il existe essentiellement 3 options:
- 1: les deux parents réduisent modérément leurs ambitions professionnelles et partagent les responsabilités familiales;
- 2: un parent réduit ses ambitions professionnelles pour permettre à l’autre de poursuivre son ascension;
- 3: les deux parents misent tout sur leur carrière respective et embauchent une nanny.
Le problème, c’est que plusieurs couples ne font pas de choix clair à ce sujet.
Ils poursuivent leur ascension professionnelle, allant de promotion en promotion, sans aide à la maison, sans se donner les moyens d’atteindre leurs objectifs personnels, se sentant constamment frustrés de ne pouvoir en faire plus au travail et à la maison. Tout le monde y perd au final.
Cependant, rien n’oblige ici les femmes à abandonner leur carrière pour se mettre au service de la famille. Ça peut très bien être le rôle de l’homme, même si c’est plus rare. Tout de même, en 2008, il y avait déjà 20 % de femmes qui contribuaient de 51 % à 99 % du salaire familial et 8 % de femmes qui étaient l’unique «pourvoyeur» de leur famille en gagnant 100 % du revenu familial.
3. La pratique vs la gestion
Dans l’éventualité où vous avez choisi de tout miser sur la carrière, un troisième dilemme viendra assez vite. Les recruteurs posent la question dès l’entrevue d’embauche:
Où vous voyez-vous dans 5 ans?»
Ce qu’ils veulent vraiment savoir, c’est:
Est-ce qu’on a devant nous un futur gestionnaire?»
Devenir gestionnaire implique de délaisser la pratique quotidienne de son métier, comme l’a expliqué en entrevue la psychologue organisationnelle Ève-Marie Poulin:
En accédant à un poste de gestion, le nouveau gestionnaire doit faire certains deuils, dont celui de ne plus faire tout à fait partie du groupe. Il doit aussi faire le deuil d’une identité professionnelle, celle de contributeur individuel, et accepter qu’il ne soit plus nécessairement l’expert du groupe, mais bien la personne permettant de catalyser et de faire valoir cette expertise.»
Cette avenue n’est pas une fatalité. Le choix inverse est également légitime. Un professionnel peut tout aussi bien décider de rester à la pratique quotidienne de son métier, en se spécialisant sur une question particulière, en devenant LA référence de son domaine.
Toutefois, c’est un choix qu’il devra faire et assumer. Car la pression est forte, dans la plupart des entreprises, de cheminer vers les postes de gestion:
En ce qui concerne le développement de carrière, expliquait ici Alain Gosselin, directeur de l’École des dirigeants HEC Montréal, la voie managériale est plus développée dans les entreprises que celle qui consiste à devenir un expert dans son domaine. Cela pousse beaucoup de gens vers la filière de gestion, surtout que c’est souvent le meilleur moyen d’obtenir une augmentation de salaire substantielle.»
Quand on désire autre chose, on doit être clair envers ses patrons, pour éviter des frustrations de part et d’autre.
Notre souhait pour 2018? Que vous puissiez vivre une vie professionnelle épanouie, pleinement consciente et assumée!