« L’IA va changer radicalement l’univers audio »

*Nous n’avons aucune chance d’éviter l’IA dans le balado, croit Stéphane Berthomet, président de Go-script média (Source : Magda Ehlers, Pexel)*

14 septembre 2023

De par le rapport intime que l’on entretient avec la voix « radiophonique » d’une personne, on aurait pu croire que le médium du balado soit le dernier bastion de la création de contenu pouvant résister, en théorie, à l’intelligence artificielle. Or, il semble que la révolution de l’IA soit aussi en marche dans l’univers audio. Nous avons abordé la question avec Stéphane Berthomet, président de Go-script média et créateur du balado Le Podcastologue.

Mon avis est qu’il n’y aura pas de bastion qui va résister à l’IA, annonce d’entrée de jeu Stéphane Berthomet. Et comme nous n’avons aucune chance de l’éviter, il faut s’en emparer puis le gérer. »

Bien sûr, Stéphane Berthomet concède que le balado, en tant que médium, a la qualité de créer un lien très fort entre un animateur et son audience. C’est d’ailleurs pourquoi les publicités lues en « host reading » sont efficaces auprès des auditoires, rappelle-t-il. Il évoque aussi une étude récente, montrant que, pour le moment, peu de podcasters utilisent l’intelligence artificielle pour produire leur contenu.

Il reste que nous faisons face à une véritable révolution, tant au niveau de la création, de la production et de la diffusion. Je n’ai aucun doute que ça va changer radicalement l’univers audio. »

Des outils d’intelligence artificielle se développent sur tous les fronts (*) : pour faire de la recherche, écrire ou structurer le scénario d’un épisode, nettoyer une bande sonore de mauvaise qualité, ou même, produire l’entièreté du contenu « promotionnel » lié à un épisode.

Il existe déjà une dizaine d’applications dans lesquelles on peut soumettre un épisode pour obtenir une publication pour le site Web, des résumés des épisodes, une infolettre, une retranscription complète de l’épisode – certes, avec beaucoup de fautes et de coquilles, mais, disons, fidèle de 60 et 80%. Et on n’est qu’aux balbutiements. Dans six mois, un an, deux ans, ça va être très difficile de faire la différence entre du contenu fait par un humain et du contenu fait par intelligence artificielle. »

L’animation n’y échappe pas!

Que dire de l’animation des balados? Peut-on espérer garder intact ce lien unique d’humain à humain dans l’écoute de nos émissions préférés? Encore une fois, Stéphane Berthomet est convaincu que l’intelligence artificielle trouvera son chemin derrière le micro. Et cela a déjà commencé.

En guise d’exemple, Bruno Guglielminetti a lancé des sous-contenus de son podcast, qui traitent, en 10 minutes, d’un sujet lié à l’univers technologique et qui sont entièrement faits en intelligence artificielle. Ce n’est pas désagréable à écouter. On ne crée pas un lien avec ce type de contenu. Par contre, c’est du contenu informatif qui peut avoir de la valeur. »

Stéphane Berhomet avoue écouter lui-même des nouvelles narées par IA, dans l’aggréagteur de contenu Juice Juice.

Je comprends les enjeux que cela soulève pour les acteurs de l’univers audio, les gens qui font de la publicité ou du doublage. Ils sont inquiets, et c’est normal. Toutefois, il reste que l’intelligence artificielle va très vite et que ce qui était insupportable à entendre il y a 2 mois devient acceptable aujourd’hui. À mon avis, avant la fin de l’année ou l’année prochaine, on aura beaucoup de mal à faire la différence entre une voix humaine et l’IA. »

Soyons prévenus… L’IA est là, jusque dans nos oreilles!

(*) Voici des exemples d’applications d’IA pouvant aider à la production d’un balado: