L’irritabilité, nouveau péril professionnel ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . 10 mars 2021 Nous vivons depuis bientôt un an avec des mesures sanitaires exigeantes. Si exigeantes, en fait, qu’il est à se demander si le principal péril des 10 mars 2021 Nous vivons depuis bientôt un an avec des mesures sanitaires exigeantes. Si exigeantes, en fait, qu’il est à se demander si le principal péril des Rating: 0

L’irritabilité, nouveau péril professionnel ?

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10 mars 2021

Nous vivons depuis bientôt un an avec des mesures sanitaires exigeantes. Si exigeantes, en fait, qu’il est à se demander si le principal péril des professionnels à l’heure actuelle n’est pas… leur irritabilité.

La pandémie nous a poussés dans nos derniers retranchements; elle nous a empêchés de voir nos proches; elle a restreint la sociabilisation et les activités sportives de nos enfants, nous a contraint de communiquer via des plateformes virtuelles qui manquent de chaleur et de spontanéité.

Nous sommes au creux de l’hiver. La distribution des vaccins connaît des ratés et les variants en compromettent l’efficacité. La fatigue s’installe.

Au quotidien, je constate que les gens sont de moins en moins patients, aussi bien dans les lieux publics que sur les médias sociaux. Personnellement, dans les dernières semaines, il m’est arrivé une ou deux fois de répondre sèchement à un interlocuteur qui m’agaçait, dans des échanges courriel et sur les médias sociaux.

Collectivement, il semble que nous soyons tous un peu plus à fleur de peau, un peu plus agacés, un peu plus irritables qu’à l’habitude. Un récent sondage américain signale qu’un américain sur deux (47%) se sent « anxieux »» et deux Américains sur cinq se sentant « fâchés ». On peut imaginer une situation similaire au Québec.

Ne devient-on pas, comme professionnel, à risque de commettre un faux? De répondre bêtement « à la mauvaise personne »? De se mettre à dos une personne clé de notre organisation? De perdre un mandat ou un client important, par intransigeance de notre part?

Prendre du recul, écouter ses émotions

Francesca Lungescu (crédit Claudia Grégoire)

Francesca Lungescu, psychologue et coach professionnel, reconnaît que le contexte pandémique actuel peut créer de l’irritabilité chez les professionnels.

Lorsqu’une personne subit plusieurs contraintes, qu’elle a l’impression qu’on ne tient pas compte de ses besoins ou qu’elle est heurté dans ses valeurs, ce sont tous des facteurs qui peuvent augmenter son irritabilité. »

La pandémie aura fourni son lot de contraintes quotidiennes. Elle nous a aussi bousculés dans nos valeurs; ceux qui appliquent avec zèle les mesures sanitaires se sentent parfois heurtés par ceux qui les ignorent, alors que ceux qui s’opposent aux mesures se sentent « brimés » dans leur liberté.

Si la personne n’a pas appris des stratégies pour gérer son irritabilité, elle peut se laisser emporter par ses émotions et démontrer de la colère, prévient la psychologue. Elle peut hausser le ton avec un collègue ou un client, et compromettre sa relation professionnelle. »

Une piste : l’auto-observation

La psychologue précise que ce n’est pas toutes les personnes qui vivent de l’irritabilité qui vont l’extérioriser au travail; certaines personne ont développé des mécanismes pour, d’une part, gérer leurs émotions, et d’autre part, réduire leur stress.

Une stratégie qui fonctionne bien est de noter ses émotions au quotidien. On devient alors plus conscient de son état d’esprit. On fait alors plus attention lorsqu’on se sait irritable.»

Pour les travailleurs qui auraient la discipline de le faire, Francesca Lungescu suggère d’élargir l’auto-observation, en notant ses heures de sommeil, ses exercices physiques et son alimentation, afin de voir l’impact sur l’humeur. Une manière efficace de réduire le stress et l’irritabilité est d’adopter une bonne hygiène de vie, rappelle la psychologue.

On peut aussi tenter de prendre du recul sur nos pensées négatives. Il s’agit alors de faire de la restructuration cognitive : on se concentre sur des pensées alternatives, plus positives. L’objectif est alors de dédramatiser la situation et de la remettre en contexte. »

Une pandémie difficile pour tout de monde

Dernier conseil: faire preuve d’empathie. Francesca Lungescu invite les professionnels qui se sentent irritables à faire preuve d’empathie – à tenter de se mettre à la place de l’autre personne, afin de voir le problème dans leur perspective.

Rappelons-nous que la pandémie est difficile pour tout le monde. Et qu’il est plus important que jamais – dans le dernier droit – de prendre soin les uns des autres!

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