Pourquoi de plus en plus d’employé·es se rendent compte que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs ?
21 septembre 2022
L’été dernier, l’humeur des travailleurs était à la rébellion pur et simple. Un sondage de Monster portait le nombre d’employés désirant changer d’emploi à un taux astronomique de 95%. Or, un an plus tard, en juillet 2022, voilà qu’une enquête d’APD nous apprend que 93% se disent « heureux dans leur rôle ». Pardon? Re-pardon? Après deux ans et demi de pandémie, une inflation galopante et maintenant, le spectre d’une récession, l’humeur des travailleurs est à la fois volatile… et terriblement difficile à comprendre.
Comment interpréter ce retournement de situation? Tout d’abord, il semble que le syndrome du « plus vert chez le voisin » ait sa part à jouer, comme nous l’avions prédit dans un article de l’été passé. Dans un sondage effectué par The Muse mené de 2 500 travailleurs qui ont changé d’emploi, on apprend que 72% d’entre eux ont été «surpris» de découvrir que leur nouveau poste soit «très différent» de ce qu’ils avaient imaginé. De ce nombre, près de la moitié (48%) reprendraient leur ancien emploi si l’occasion leur était offerte.
Dans le même esprit, un sondage mené en juin par Harris Poll révèle qu’environ 20% des transfuges des deux dernières années «regrettent» avoir changé d’emploi. Tristement, seuls un quart d’entre eux (26%) disent aimer suffisamment leur emploi pour le garder.
Est-ce que tous ces travailleurs quittant leur emploi pour un nouveau en trouvent vraiment un bien meilleur que leur ancien? demande l’entrepreneur et chroniqueur Dominic Gagnon, dans le journal Les Affaires. Est-ce que leur nouvel employeur est bien meilleur que celui d’avant? Ou est-il possible que Roland accepte un nouvel emploi qui remplace Stéphanie, qui a quitté cet emploi pour la même raison que Roland quitte son emploi? »
Le dirigeant de Connect&GO met ce jeu de chaise sur le compte d’une pandémie qui a engendré «des attentes irréalistes», en cultivant un discours selon lequel «il y a toujours quelque chose de mieux ailleurs — un rôle plus épanouissant, un salaire beaucoup plus élevé, une plus grande flexibilité»… Si l’hypothèse est exacte, c’est aujourd’hui toute une cohorte de travailleurs qui s’apprêtent à frapper un mur. Celui du retour partiel au bureau. Et aussi, dans une certaine mesure, celui du retour à la réalité d’avant pandémie.
Des employeurs… à l’écoute malgré tout
Il s’agit d’une hypothèse, évidemment. Car, à terme, il n’est pas impossible que les entreprises se mettent réellement à l’écoute des travailleurs et mettent leur bien-être en priorité. En 2021, un sondage de Willis Towers Watson annonçait que 95% des employeurs plaçaient «l’amélioration de l’expérience employé» en tête de leurs priorités organisationnelles. Peut-être tiendront-ils promesse.
Aussi, il faut savoir que le facteur le plus déterminant pour changer d’emploi n’est pas d’obtenir plus de flexibilité ou un meilleur équilibre travail-famille, mais faire plus d’argent. C’est ce qu’ont répondu 88% de ceux qui considéraient passer chez un compétiteur, dans le sondage de la firme ADP.
Et les employeurs semblent bien au fait de cette situation; dans le même sondage, 27% des travailleurs affirmaient avoir reçu une augmentation «non liée à leur rendement». Une augmentation sans doute la bienvenue, en cette période d’inflation… et de possible récession!
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RH