Recherche d’emploi : que penser de la rencontre exploratoire?

28 janvier 2020

La rencontre exploratoire est un outil intéressant pour relancer une recherche d’emploi qui stagne ou simplement élargir son réseau professionnel. Voyons de quoi il s’agit.

Ce type de rencontre rebute souvent les chercheurs d’emploi, admet Marie Claude Théroux, consultante en développement de carrière. C’est dommage, car quand la démarche est bien comprise et bien ciblée, ça vaut vraiment le coup. C’est d’une grande efficacité pour se bâtir un réseau. »

La consultante parle en toute connaissance de cause :

À titre de conseillère, j’ai accompagné plusieurs clients qui ont trouvé du travail de cette manière. À titre d’employeur, j’ai embauché à deux reprises des personnes qui étaient venues d’abord me rencontrer en rencontre exploratoire.»

La rencontre exploratoire part du principe suivant : on sollicite une rencontre avec une personne occupant un poste dans une entreprise convoitée, afin de 1) mieux connaître l’entreprise, 2) mieux connaître le marché et 3) attirer l’attention sur sa propre candidature.

Nous la recommandons aux candidats qui débutent dans un milieu et qui ne sont pas certains d’aimer ou non un secteur ou un type d’entreprises, ou qui ne savent pas trop comment postuler ou comment mettre leur candidature en valeur, » explique Sarah Mongeau-Provençal, conseillère en développement de l’emploi chez PME MTL.

Cette rencontre n’a donc pas d’objectif précis, autre que de permettre à deux partis de mieux se connaître.

Trouver l’angle

C’est parfois difficile de trouver un bon angle, reconnaît Marie Claude Théroux. Certains chercheurs d’emploi ont l’impression d’être imposteur, puisque leur but ultime est l’obtention d’un poste… »

Pour qu’une telle rencontre fonctionne, il faut effectivement accepter le prémisse qu’il n’y aura pas d’emploi à la clé. Du moins à court terme.

En fait, la rencontre d’information ne sert pas tellement à démarcher un employeur mais plutôt à en apprendre plus sur le mode de fonctionnement de l’entreprise, la culture, le type de postes disponible à l’interne, » insiste Sarah Mongeau-Provençal.

Aussi, il faut réfléchir à ce qu’on peut apporter à la personne que l’on désire rencontrer. C’est ce qu’explique le conseiller en orientation Mathieu Guénette, dans la vidéo Comment s’attaquer au marché caché grâce à la rencontre d’exploration:

Tu dois avoir en tête c’est quoi l’avantage pour l’autre de te rencontrer. Certains aiment faire part de leur expérience, ça les valorise (…) tout en se disant : ça peut être bon au niveau des affaires. Donc, tu dois mettre ton profil d’une manière qui a l’air avantageuse ; [pour que l’employeur se dise:] Ah, c’est peut-être quelqu’un qui pourrait m’amener de la business plus tard.»

Enfin, il faut accepter d’essuyer des refus en cours de route. Car si certains employeurs se montrent volontaires et enthousiastes vis-à-vis de telles rencontres, d’autres, submergés par leurs tâches quotidiennes, y voient une perte de temps.

Marie Claude Théroux a de toute évidence un parti pris pour la démarche :

En tant qu’employeur, ça me donne beaucoup d’information sur un candidat potentiel: ça me montre son intérêt, sa curiosité, le temps qu’il est prêt à mettre pour trouver le bon emploi, dans un contexte moins formel et souvent plus révélateur. » 

Sarah Mongeau-Provençal voit également ces rencontres d’un bon oeil :

Tout juste récemment, j’ai reçu la visite d’une personne désirant explorer les différentes professions du secteur communautaire pour répondre à ses questions et élaborer sur les enjeux de la clientèle. Pour moi, tout dépend de l’attitude et de la curiosité de la personne. J’ai beaucoup apprécié ce moment et n’hésiterais pas à recommander cette personne à un employeur ou un contact! »

Trouver la cible

Lorsqu’on entreprend cette démarche, qui faut-il cibler exactement : un cadre, un gestionnaire, un professionnel de même niveau hiérarchique ?

Le gestionnaire ou le directeur n’aura pas le temps, bien souvent. Il vaut mieux cibler quelqu’un qui a un poste similaire au sien, » répond Sarah Mongeau-Provençal.

Marie Claude Théroux évalue la situation au cas par cas:

Ça varie d’un milieu à l’autre. Pour les professionnels, on peut rencontrer quelqu’un qui occupe le travail visé. Si le contact est bon, il sera un contact important pour un poste futur à cet endroit ou ailleurs dans son réseau. Pour des postes plus techniques, le superviseur immédiat est une meilleure option.”

On peut également se poser la question suivante, soulevée par Mathieu Guénette :

Quand tu veux développer un réseau, tu dois te poser la question suivante : qui ai-je envie d’avoir dans mon réseau? Tu vas donc essayer de cibler le prototype de personne que tu veux rencontrer. »

Un cas concret

Les conseillers à l’emploi ont beau connaître bien des choses, ils ne sont pas experts du domaine professionnel dans lequel une personne se cherche de l’emploi. C’est pourquoi Sarah Mongeau-Provençal trouve normal le réflexe de demander conseil à un professionnel du milieu, pour éclairer notre recherche d’emploi:

J’ai déjà proposé à une cliente de rencontrer une responsable des ressources humaines des TI, car cette personne connaît mieux que moi la façon de faire dans ce milieu. Il faut toutefois être patient, car les RH ont peu de temps à accorder à une telle rencontre. Avec un bon réseau de contacts, ceux-ci peuvent accepter de le faire sur une base personnelle, hors de leurs heures de travail.»

En fin de compte, la chercheuse d’emploi accompagnée par Sarah Mongeau-Provençal a pu obtenir une rencontre et la démarche s’est soldée de manière positive:

Cette rencontre fut fort instructive pour ma cliente. La responsable RH qui l’a rencontrée m’a dit qu’elle n’avait rien pour elle, mais qu’elle retenait sa personnalité chaleureuse et n’hésiterait pas à la référer à un contact. Conclusion, la rencontre d’information peut aussi aider à bâtir son réseau !

Marie Claude Théroux conclut sur ces deux conseils :

C’est très important de personnaliser son approche. Et bien sûr, il faut que le candidat soit à l’aise avec la démarche, s’il veut espérer faire bonne impression. »

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