« Le bonheur au travail, ce n’est pas juste mettre une table de baby-foot au bureau ! »
Par Kévin Deniau
11 mars 2021
Mathilde Quentin est « Happy-cultrice RH » au sein de la firme de conseil Patrimoine RH. Elle est également la conceptrice d’une nouvelle formation sur Isarta, sur le bien-être au travail et le bonheur des salariés. Elle nous en dit plus.
Peux-tu nous expliquer ce nouveau métier de responsable du Bien-Être ou Responsable du Bonheur en entreprise (appelé Chief Happiness Officer en anglais) ?
Mathilde Quentin : Bien sûr, d’autant que c’est un métier que j’exerçais auparavant. En fait, le bonheur au travail est un sujet très vaste. Ce n’est pas juste mettre une table de baby-foot dans le bureau ! Ce serait le même raisonnement que de dire : j’offre des cadeaux à mon enfant pour le rendre heureux.
Le bonheur au travail, ce sont des choses beaucoup plus sincères, authentiques et profondes. L’idée, c’est de voir comment on peut mieux travailler et communiquer ensemble. Afin de rendre ses équipes plus mobilisées et plus créatives.
Dans la formation, on va vraiment aller explorer les grands piliers du bien-être en entreprise et voir quelles actions on peut mettre en place en fonction de telle culture et tel secteur.
Car il faut bien voir qu’il n’y a pas de recette magique qui marche partout. Un séminaire corporatif à l’étranger ne conviendra peut-être pas par exemple à une entreprise qui emploie beaucoup de jeunes parents.
Finalement, la personne responsable du bien-être va interroger les équipes, aller chercher les informations afin de voir comment répondre à leurs besoins pour améliorer leur quotidien au travail.
Est-ce un métier plutôt de grande entreprise ?
M. Q. : J’ai bien conscience en effet de la réalité économique actuelle et que cela peut paraître difficile d’investir dans le bien-être au travail. Mais il faut bien voir que cela peut améliorer tout type d’organisation. Cette formation peut aussi bien s’adresser ainsi à des entrepreneurs, des personnes des RH ou d’autres en reconversion professionnelle.
Que cela soit pour des grandes structures ou des plus petites qui n’ont pas le budget pour un poste à temps plein mais qui veulent créer une culture saine en interne avec des ambassadeurs.
La formation sera d’ailleurs très interactive pour que les personnes parlent de leurs bonnes pratiques et que l’on puisse s’adapter aux différents milieux et fonctions.
Quelles sont les fausses bonnes idées ou au contraire les bonnes pratiques généralement quand on parle de ce sujet ?
M. Q. : Un.e responsable du bien-être qui propose des idées sans demander aux équipes, ce n’est pas une bonne pratique par exemple !
Je me rappelle, auparavant, j’avais dû organiser le party de Noël de mon entreprise. J’ai demandé aux équipes leurs envies, il y a eu un vote et il a été décidé de faire un karaoké. Je n’aurais jamais imaginé cela et, si je m’étais écouté, je n’aurais jamais organisé un karaoké !
Il faut donc savoir s’effacer dans ce métier. Je ne dois pas répondre à MON besoin mais aux besoins de l’équipe.
Comment convaincre de la nécessité d’investir sur ce sujet ?
M. Q. : Tout simplement car des salariés heureux sont des salariés moins malades, plus loyaux, plus créatifs, plus engagés, qui quittent moins… Cela représente des gains financiers énormes ! Ce n’est pas superficiel.
On peut d’ailleurs suivre des indicateurs pour mesurer les évolutions. Je parle dans la formation de la construction d’un baromètre. Comment on va en effet mesurer ce qui est important pour nos salariés ? Et quel est le coût associé pour notre structure, par exemple si on regarde le nombre d’arrêt maladie.
Là encore, on n’est pas dans la table de baby foot. Ni un party de Noël une fois dans l’année. Une culture d’entreprise est quelque chose qui se vit à l’intérieur et s’exprime à l’extérieur.
Si l’on voit par exemple qu’il y a un enjeu dans la garde des enfants de nos salariés, cela va les influencer dans leur travail. Ils ne seront pas totalement concentrés pendant leur journée et garderont cette charge mentale. Si la structure s’interroge sur leur bien-être, ils vont se sentir écoutés et seront plus engagés. Chacun construit sa culture et ses pratiques en fonction de sa réalité.
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