Vos équipes font-elles du Quiet Vacationing, ou la tendance de partir en congés sans prévenir leur gestionnaire ? Reviewed by Kévin Deniau on . 28 août 2024 Faire croire que l'on travaille alors que l'on est au bord d'une piscine à se prélasser : ce phénomène a désormais un nom, le Quiet Vacationing. Un 28 août 2024 Faire croire que l'on travaille alors que l'on est au bord d'une piscine à se prélasser : ce phénomène a désormais un nom, le Quiet Vacationing. Un Rating: 0

Vos équipes font-elles du Quiet Vacationing, ou la tendance de partir en congés sans prévenir leur gestionnaire ?

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28 août 2024

Faire croire que l’on travaille alors que l’on est au bord d’une piscine à se prélasser : ce phénomène a désormais un nom, le Quiet Vacationing. Une tendance émergente avec l’essor du télétravail et particulièrement répandue chez les plus jeunes générations selon une étude américaine. Preuve d’une culture d’entreprise toxique ou future norme en termes de flexibilité professionnelle ?

C’est la tendance du moment. Après la démission silencieuse (quiet quitting, en faire le moins possible au travail), ou la démission consciente (conscious quitting, partir d’un emploi pour des raisons éthiques), place au « quiet vacationing« , que l’on pourrait traduire par « vacances silencieuses ». Le principe ? Prendre des congés sans le dire à son employeur… et en laissant penser que l’on travaille malgré tout.

Un phénomène qui n’est certes pas nouveau mais qui a pris une nouvelle ampleur avec l’essor du travail à distance et des outils de collaboration en ligne. Dans ce nouveau contexte, la frontière entre télétravail et vacances peut parfois se révéler plus floue. Surtout si les employés concernés poussent le vice jusqu’à faire semblant de travailler en envoyant quelques signaux de connexion.

Selon une étude d’Harris Poll publiée en mai dernier, à l’origine de la création de cette expression, 38 % des employés américains interrogés issus de la génération des Milléniaux, ont déjà bougé leur souris juste dans l’optique de garder leur statut « en ligne » au sein du système de communication de leur entreprise, comme Slack ou Microsoft Teams (31 % pour l’ensemble des salariés). Aussi, 37 % ont déjà pris un congé sans avoir averti leur employeur et 37 % ont déjà programmé un courriel en dehors des horaires habituels de bureau… afin de donner l’impression qu’ils font des heures supplémentaires.

Nous avons affaire à une culture de contournement géante », indique Libby Rodney, directrice de la stratégie de The Harris Poll. Alors que les membres de la génération Z ont tendance à être plus virulents à l’égard des lieux de travail qui font honte à ceux qui veulent demander des congés, les milléniaux préfèrent prendre les choses en main, mais sous le radar. Ils trouveront bien un moyen de concilier vie professionnelle et vie privée et cela se passe en coulisses. Il ne s’agit pas exactement d’une démission discrète, mais plutôt de vacances discrètes. »

Selon le même institut de sondage, 78 % des Américains ne prennent en effet pas tous leurs jours de congés annuels, plus particulièrement les jeunes générations (89 % pour la génération Z et 83 % chez les Milléniaux).

Une question de culture d’entreprise

Sentant avoir touché une corde sensible avec cette expression de quiet vacationing, Harris Poll a mené un autre coup de sonde à l’occasion du jour de l’indépendance aux États-Unis. Résultat ? Près de la moitié des répondants (48 %) ont avoué avoir déjà pris des vacances silencieuses autour du 4 juillet par le passé, dont 58% chez les Milléniaux et, plus surprenant, 55% chez les gestionnaires (contre 37 % chez les non gestionnaires).

Avec le passage aux réunions virtuelles et l’accès aux courriels et documents professionnels depuis n’importe quel endroit, les employés trouvent qu’il est de plus en plus facile de combiner leurs responsabilités professionnelles avec leur temps libre » explique Stacie Haller, responsable du conseil en carrière au sein de la plateforme Resume Builder au média américain Axios.

Même si cet enjeu est sûrement amplifié par l’aspect culturel de la relation au travail et aux vacances aux États-Unis (où la peur de passer pour un tire-au-flanc en prenant ses vacances est plus forte), il reflète tout de même une réalité pour de nombreux salariés à travers le monde. Pour certains experts, cette tendance est le symptôme d’une culture d’entreprise toxique où la sécurité psychologique des salariés n’est pas optimale.

Si on voit nos gestionnaires prendre leurs vacances, on aura moins tendance à se cacher pour prendre les nôtres. À l’inverse, si on est dans une culture où ne pas prendre de vacances est une fierté, le phénomène de Quiet Vacationing va s’accélérer », avertit la spécialiste en psychologie organisationnelle Jennifer Gabrielle, associée à Humance, sur les ondes de Radio Canada.

Michael Wolf, directeur de l’application d’escapades d’un jour au sein d’hôtels de luxe ResortPass, se montre plus radical :

À l’avenir, il deviendra normal de travailler au bord de la piscine, plutôt que de le cacher » !


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