Bilan RH de mi-année : quand la pandémie devient catalyseur de changement

10 août 2020

Dans le bilan RH de l’année dernière, nous avons fait un portrait plutôt assombri. Malgré les bonnes intentions formulées par les uns et les autres, plusieurs dossiers continuaient de stagner : l’utilisation de l’analytique RH demeurait marginale malgré tout le bien qu’on en dit, trop peu d’employés avaient le privilège de travailler de la maison et peu d’organisations faisaient de l’égalité et de l’inclusion au travail une priorité. Trois mois plus tard, une pandémie mondiale est venue dynamiter les obstacles au changement.

Lorsque le gouvernement a mis le Québec « sur pause », il a demandé à toutes les entreprises qui le pouvaient, d’opérer à distance. Il s’en est suivi une vague massive de télétravail : 50% des Québécois travaillaient de la maison au plus fort de la crise.

Un grand nombre de gens n’ont pas goûté au véritable télétravail, a précisé Alain Gosselin, CRHA, dans un Webinaire produit par l’Ordre des CRHA. Ce n’était pas une situation idéale, ils avaient des enfants à la maison et ils n’avaient eu le temps de se préparer. On sait que, pour que le télétravail fonctionne bien, ça prend un certain nombre de conditions minimales. »

Toutefois, en consultant divers sondages, on se rend compte qu’une majorité de télétravailleurs semble y avoir trouvé leur compte :

• 79% des télétravailleurs canadiens apprécient l’expérience (Léger, avril 2020);
• 55 % ont trouvé un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle (Robert Half, mai 2020);
• Seulement 17% des télétravailleurs canadiens veulent retourner au bureau à temps plein (VMWare, juin 2020)

Aussi, plusieurs entreprises qui trouvaient le travail trop compliqué à mettre en place – tant du point de vue de la logistique que de la gestion des équipes de travail – ont été forcées de s’exécuter. L’opération a fait tomber des préjugées et ouvre maintenant de nouveaux horizons. C’est ce que nous confiait Martin Robert, vice-président talent et culture chez SSQ Assurance, lors d’un entretien en mars dernier :

Avant la crise, on avait peut-être des idées un peu préconçues sur la manière de gérer une compagnie d’assurance, à savoir qu’il fallait une équipe dans nos bureaux pour fonctionner de manière efficace, nous avait-il confié. La crise nous aura montré que l’on est tout à fait capable d’être performant à distance. »

À ce moment, tous les indicateurs de performances de SSQ s’étant maintenus malgré la crise.

Aux États-Unis, une firme californienne a comparé la productivité avant et pendant COVID en analysant des captures d’écran de 30 000 travailleurs pour découvrir une hausse de 47 % entre 2019 et 2020. Voilà ce qui devrait rassurer les entreprises au chapitre de la productivité à « distance »!

Place à l’analytique RH

Un effet collatéral du recours massif au télétravail est l’utilisation plus fréquente d’outils technologiques de communication et de gestion de projet. Ce virage numérique pourrait avoir un effet positif sur l’adoption de solutions d’analytique RH plus avancées, maintenant toutes les équipes de travail ont des outils technologiques entre les mains.

Dave Ulrich, cofondateur du cabinet de consultation en ressources humaines RBL, souligne l’importance de prendre un tel virage dans un article bilan sur les leçons de la COVID.

Dans une crise, les décisions et les choix que l’on fait sont par la suite magnifiés, ce qui rend d’autant plus important de prendre les bonnes décisions comme entreprise. Dans l’après-COVID, les décisions auront avantage à se prendre sur des bases rigoureuses d’analytiques RH, en utilisant les technologies numériques. »

L’inclusion et la diversité de nouveau à l’ordre du jour

Dans les premières semaines de confinement, les entreprises n’avaient guère le temps de se préoccuper de la gérer la diversité dans leurs équipes de travail, étant trop occupés à éteindre des feux.

Le meurtre de George Floyd par un policier en service a eu tôt fait de ramener la question du racisme en plein coeur de l’actualité, provoquant des manifestations de solidarités un peu partout dans le monde et alimentant les débats sur le racisme systémique aux États-Unis aussi bien qu’ici même, au Canada et au Québec.

Black Life Matters est devenu « La vie des Noirs compte ». Des entreprises ont dénoncé le racisme en publiant une image noire sur leurs médias sociaux. D’autres sont allés plus loin en prenant des engagements précis pour favoriser la diversité et l’inclusion dans leur organisation (les Caisses Desjardins en sont un exemple). Voilà de quoi donner espoir pour la suite des choses!

Rien de gagné

Le risque, maintenant, est de retourner à nos bonnes vieilles habitudes, pendant que le monde du travail retrouve un semblant de normalité. On sent déjà que les entreprises piaffent d’impatience de ramener leurs employés dans le bureau physique…

La fonction RH aura donc un rôle crucial à jouer pour maintenir et pérenniser les acquis de la crise. Et pousser l’innovation RH encore plus loin!

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