C2 Montréal 2025: Une dose de courage face à la morosité

22 mai 2025
Du 20 au 22 mai, le temps a été presque toujours gris et frisquet sur le Grand quai du Port de Montréal, où se déroulait l’événement créatif d’affaires C2 Montréal. N’empêche, les conférenciers de l’édition 2025 ont su réchauffer les cœurs en livrant des témoignages assumés, qui donnaient le goût de prendre des risques et de porter haut ses convictions. Retour sur une édition relevée, qui avait pour thème « Mouvement : l’art d’agir ».
La première journée a démarré en force avec un duo de Français, Thierry Reboul et Thomas Jolly, qui sont venus raconter le courage qu’il leur a fallu pour organiser la première cérémonie d’ouverture « hors stade » de l’histoire des Jeux olympiques.
On a moins d’argent que les Chinois et que les Américains, ça ne nous a pas échappé, a raconté Thierry Reboul. Il faut qu’on joue avec nos atouts. Nos atouts, c’est notre histoire, c’est la ville, Paris, forcément. Et donc, nous nous sommes dit : nous allons être les premiers à sortir [la cérémonie] du stade. »
Batailles contre l’administration française, contre les caprices météorologiques, contre la maladie de Céline qui n’a pu confirmer sa présence qu’à la toute dernière minute… Le ton était donné pour des conférences qui, cette année, n’étaient pas tant axées sur les dernières tendances du moment, les derniers gadgets techno ou initiatives RH, mais plutôt sur l’art, le cÅ“ur et le courage d’assumer ses convictions.
On sentait tous une forme d’urgence d’agir, nous a expliqué Anick Beaulieu, PDG de C2 Montréal. Il y a tellement de choses qui bougent autour de nous, tellement de nouvelles technologies, un contexte socio-économique challengeant… Il faut arrêter d’avoir des conversations sur toutes les raisons de ne pas bouger et trouver des histoires qui sont inspirantes pour nous donner la force d’aller de l’avant et de prendre des risques. »
Les histoires, en effet, se sont succédé sur la scène principale, de Tommy Bouillon de Brique Recyc qui s’est battu contre le lobby de la construction qui ne voulait recycler la brique à Tyler Shultz qui a confronté son grand-père pour faire tomber la plus célèbre fraude techno de l’époque moderne, avec la chute de Theranos et Elizabeth Holmes.
Retour à l’expérience «déstabilisante»
L’année dernière, C2 Montréal a retrouvé sa « vibe » expérientiel en s’établissant sur le Grand quai du Port de Montréal, un espace vitré, lumineux, où l’on peut se régaler du patrimoine bâti de Montréal, avec les vieux silos gris, les gratte-ciel devant et la montagne comme horizons. C2 récidive à cet endroit cette année et on sent que l’événement a retrouvé ses marques.
C2 Montréal, c’est une expérience qui se veut déstabilisante, que l’on veut ancrer dans un contexte différent, explique Anick Beaulieu. Dans un environnement comme le Grand quai, nous pouvons revenir à nos racines expérientielles. C’est une vitrine extraordinaire sur Montréal, parce qu’il y a beaucoup de participants qui viennent de l’international. Ça nous permet aussi de s’exprimer de manière créative. C’est un lieu important pour nous. »
À une époque de divisions et de recul sur le plan de la diversité et de l’environnement, C2 Montréal a donné une large part à « l’art » de s’exprimer, par les conférences certes (retour sur la cérémonie d’ouverture des Jeux, conférences sur la réhabilitation du mythique parc d’attractions Luna Luna – conçu par des artistes visuels comme Pasquiat ou les prestations de Grand Corps Malade et Alexandra Stréliski) mais aussi la confection de mannequin et la peinture sur toile en ateliers.
Thierry Reboul et Thomas Jolly ont décrit leur cérémonie comme un « phare dans la nuit » à une époque morose, d’incertitude politique et économique. L’édition de C2 Montréal 2025 porte l’esprit et un peu la flamme de cette intention.
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