Ce que vous devez savoir sur les entrevues vidéos préenregistrées
7 juin 2019
De plus en plus d’organisations ont recours à des applications d’entrevues préenregistrées lorsqu’elles ont des embauches « massives » à compléter. De quoi s’agit-il? Comment s’y préparer en tant que candidat? Nous en avons discuté avec Martin Cloutier, psychologue organisationnel et président de la firme de RH prédictive D-Teck, qui offre ce type de service à ses clients.
Abordons d’abord le contexte dans lequel ces applications sont utilisées.
De notre côté, la demande est venue des organisations qui ont des embauches massives à faire. Que l’on pense au milieu de la santé, de l’éducation, mais aussi dans le secteur financier. Les ressources humaines s’en servent comme outil de présélection. Ça remplace l’appel de préentrevue, pour valider la pertinence d’une candidature. »
La solution la plus populaire en Amérique du Nord est HireVue. Mais les start-up qui offrent ce service foisonnent : il y a l’anglaise Sonru, utilisée par D-Teck pour la qualité de sa plateforme francophone, l’américaine Montage et bien d’autres encore.
Quel est le processus pour le candidat ?
Les candidats retenus pour cette étape reçoivent une invitation à passer une entrevue préenregistrée. La séance se fait à domicile – ou autre lieu de son choix – sur son propre ordinateur. Habituellement, le candidat a quelques jours pour lancer la séance d’entrevue. Il complètera l’exercice au moment de son choix:
Certains candidats la font le matin, d’autres le soir ou le week-end. C’est important de choisir un moment où on se sent à son meilleur, concentré et détendu. Une fois que l’entrevue est lancée, ça se fait en une prise. »
Mais d’abord, les candidats ont la possibilité de familiariser avec l’application, en effectuant des tests techniques et en répondant à des questions « d’essai » qui, elles, peuvent être recommencées autant de fois que l’on veut.
C’est l’occasion pour le candidat de vérifier si la bande passante est suffisante, si l’audio fonctionne, si l’éclairage est bon. Il peut aussi se voir répondre aux questions », explique Martin Cloutier.
Quand la séance est lancée, le processus se déroule en deux temps. À l’apparition d’une question, les candidats ont une première période de temps (1 à 2 minutes) pour y réfléchir, puis ils ont une seconde période de temps pour y répondre en s’adressant à la caméra (2 à 3 minutes), en gardant bien sûr toujours en tête qu’ils n’ont droit qu’à une prise.
Je conseille aux gens d’avoir un crayon et un papier, afin de prendre des notes pendant la période de préparation. Ils peuvent ensuite se référer à leurs notes au besoin. »
Les candidats répondent de 5 à 8 questions en moyenne, dit Martin Cloutier. La séance totale dure de 10 à 15 minutes.
À quoi s’attendre comme questions?
Les entrevues préenregistrées, disions-nous, n’ont pas encore pour but de remplacer les entrevues en personne. Il ne faut donc pas s’attendre à des questions classiques, du genre « quelles sont vos forces, quelles sont vos faiblesses », même si elles ne sont pas non plus totalement à exclure.
Mentionnons que chaque recruteur fait son propre canevas d’entrevue, dit Martin Cloutier. À cette étape, les recruteurs cherchent habituellement à valider la pertinence d’une candidature. Certains sondent l’intérêt du candidat pour le poste et l’entreprise. Ou encore, vérifient si le candidat possède des compétences précises reliées au poste. »
Les fonctionnalités A. I.
Les entrevues préenregistrées ouvrent la porte à l’analyse prédictive. Et certaines applications offrent déjà des fonctionnalités d’intelligence artificielle visant à analyser le langage non verbal ou le champ sémantique du candidat. Faut-il s’en soucier, comme candidat?
Il est vrai que ces fonctionnalités existent et peuvent servir à dégager certains constats d’une entrevue : est-ce que le candidat sourit, est-ce qu’il est détendu, etc. Toutefois, il n’existe pas encore d’étude sérieuse faisant une corrélation entre ces informations et la performance d’une candidature une fois en emploi. Donc, pour le moment, ce n’est pas une chose dont on tient compte dans notre analyse. »
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas soigner son langage non verbal.
On doit toujours garder en tête qu’il y a un humain qui va regarder la vidéo à l’autre bout du processus, prévient Martin Cloutier. C’est important de regarder la caméra, de sourire et d’avoir une attitude engageante.”
Bonne préparation!
Sur le même thème
entrevue