Comment instaurer une culture de reconnaissance authentique dans son organisation ?
Par Kévin Deniau
27 octobre 2022
L’émission Vecteur H, dédiée au secteur des ressources humaines et animée par Émilie Pelletier (CRHA et consultante chez HRM Groupe), s’est intéressée à la question de la reconnaissance au travail. Voici les faits saillants.
L’invité pour l’occasion est un expert du sujet. Christophe Laval, ancien dirigeant d’entreprises est auteur, consultant et président de VPHR Québec, firme spécialisée depuis 13 ans sur les enjeux de reconnaissance.
Première question : Qu’entend-on par une culture de la reconnaissance ? Christophe Laval le reconnaît en effet volontiers : il y a autant de définition que d’interlocuteurs ! L’important, pour lui, est d’en faire une notion qui permette de passer à l’action. En effet, comment interpréter les résultats d’un sondage qui demande aux salariés s’ils se sentent reconnus à leur juste valeur ?
Avec le professeur de l’Université Laval Jean-Pierre Brun, il discerne quatre forme de reconnaissance :
- La reconnaissance existentielle
Il s’agit de reconnaître l’autre en tant que personne, en tant qu’individu à part entière qui a le droit au respect et à la politesse. Ce qui passe tout simplement par un « bonjour » ou un « merci ». C’est de fait la base de toutes les autres formes.
- La reconnaissance dans la pratique de travail
Dans ce cas, il s’agit d’apprécier l’expertise, aussi bien technique que comportementale, et la qualité du travail.
- La reconnaissance de l’investissement dans le travail
C’est la parent pauvre des organisations, pourtant c’est ce qui va permettre l’atteinte des résultats », affirme Christophe Laval.
Ici, il s’agit de reconnaître les efforts et l’énergie que l’individu va mettre dans son travail ou dans une tâche, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous.
- La reconnaissance des résultats
À l’inverse, cette notion est nettement plus courante et mieux comprise dans les entreprises. C’est même parfois la seule forme de reconnaissance qui existe !
La reconnaissance à 360°
Une fois les bases théoriques posées, Christophe Laval balaie un autre préjugé sur le sujet : la reconnaissance ne serait l’affaire que des gestionnaires. Non, elle doit s’opérer à tous les paliers selon lui. Il existe donc :
- Une reconnaissance descendante : des gestionnaires aux salariés
- Une reconnaissance remontante : de l’équipe vis à vis du ou de la gestionnaire
Les gestionnaires ont plus de facilité à témoigner de la reconnaissance à leurs équipes quand ils en reçoivent également », remarque Christophe Laval.
- Une reconnaissance circulante : c’est-à -dire entre collègues. Cette dernière est très demandée notamment par les jeunes générations.
- Une reconnaissance externe : celle des clients ou des partenaires
Comment s’y prendre ?
Place maintenant à la mise en pratique, en abordant quelques concepts clés.
- Gratitude VS considération
Selon Christophe Laval, l’erreur qui est souvent faite est de confondre reconnaissance et gratitude.
Il en faut, certes, mais ce que les gens veulent, c’est avant tout de la considération! Ils ne veulent pas seulement être remerciés. »
Concrètement : pouvoir participer à des projets d’envergure, comprendre où l’entreprise s’en va, avoir un rôle dans la gestion du changement ou encore que l’on prenne en considération leurs attentes et leurs préoccupations.
- L’importance de l’authenticité
C’est un des mots les plus importants quand on parle de reconnaissance, selon l’auteur. Pour lui, de la reconnaissance sans sincérité, cela s’appelle de la manipulation ! Et cela ouvre la porte à un effet boomerang : si l’employé s’en rend compte, cela va créer de la frustration… et cela sera encore pire que de ne pas lui témoigner de reconnaissance du tout !
D’ailleurs, selon Christophe Laval, tout le monde a besoin de reconnaissance. À des degrés divers, mais dans la durée, l’indifférence n’est pas possible. Toutefois, témoigner de la reconnaissance n’est pas quelque chose d’inné. C’est là toute la difficulté !
- Monétaire VS non monétaire
Il faut les deux ! Avec l’enjeu de l’inflation et de la pénurie de main d’oeuvre, les organisations seront confrontées à des problèmes si elles ne mettent pas une reconnaissance monétaire adéquate. Mais elles ne doivent pas s’en contenter ! Ce qui passe par des moments de convivialité ou encore la possibilité d’être dans des groupes de co-construction.
Pour commencer, l’ancien gestionnaire préconise de mener un travail de cartographie afin d’identifier la présence (ou non) des quatre formes de reconnaissance. Puis de mesurer les freins et les obstacles afin de voir ce qui peut être mis en place pour les lever.
Le bénéfice sera au rendez-vous selon lui : réduction du taux de roulement et de l’absentéisme, hausse de la productivité et de la motivation, amélioration de la santé mentale…
Sachant qu’il ne faut pas oublier un dernier point : pour reconnaître, il faut connaître. Autrement dit, chacun a ses propres attentes en matière de reconnaissance et pour être efficace, il faut adapter ses témoignages de reconnaissance à ce qui va le plus toucher son interlocuteur.
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