Habitudes de travail à la maison et au bureau : du pareil au même?
5 septembre 2022
Les employeurs craignant la perdition de leurs employés en télétravail trouveront matière à se rassurer dans un récent sondage de la firme Robert Half : le travail à distance ne semble pas saper la productivité ni dérégler les horaires de travail du personnel. Sauf qu’il insère quelques « distorsions » valant la peine d’être relevées. Explications.
En mai dernier, la firme Robert Half a sondé 2 400 télétravailleurs américains pour mieux comprendre leurs habitudes de travail. Ceux-ci ont révélé que leur pointe de productivité se situait en début de semaine, les lundis (dans 43% des cas) et mardis (31%), pour ensuite chuter drastiquement les mercredis (13%), jeudis (5%) et vendredis (6%). Vu de loin, ces résultats s’apparentent à ceux observés en 2019, un an avant la pandémie.
Toutefois, en regardant de plus près le graphique, on remarque que la courbe de productivité des télétravailleurs implose en milieu de semaine. Si elle démarre en lion, elle part complètement à la dérive vers la fin de la semaine. Un peu à la manière du cycliste slovène Tadej Pogačar, qui a mal géré ses efforts lors du Tour de France de cet été, en suivant toutes les attaques de ses adversaires, pour finalement exploser dans le col du Granon lors de la 11e étape.
Une meilleure gestion de l’effort au bureau ?
En contrepartie, la courbe de productivité des travailleurs en présentiel était beaucoup mieux répartie en 2019 : les travailleurs de l’époque démarraient plus doucement, mais maintenaient leur effort collectif au-dessus des 10% dans les trois derniers jours de la semaine – conformément à Jonas Vingegaard, le vainqueur du Tour, qui a su s’économiser jusqu’à l’assaut fatal du Granon, puis gérer ses efforts dans les étapes subséquentes.
Se pourrait-il que la simple présence au bureau insuffle une motivation supplémentaire pour « bien finir » la semaine? La question se pose.
L’autre observation découlant du sondage de Robert Half a trait à l’horaire quotidien adopté par les télétravailleurs. Dans une même journée, les pointes de productivité des télétravailleurs de 2022 semblent calquées sur un horaire de travail conventionnel d’un employé de bureau.
Les participants au sondage ont dit être productifs de 9h à 12h en matinée, puis de 13h à 17h en après-midi. Tout compte fait, peu de gens trouvent la motivation de travailler en se levant, sur l’heure du midi ou en soirée… Après deux ans de régime pandémique, il se peut d’ailleurs que la fatigue des horaires chaotique ait ramener les télétravailleurs vers des horaires familiers, même à la maison.
Gare aux interruptions!
Finalement, le sondage de Robert Half nous apprend que le télétravail n’a pas réglé le problème de «réunionite» des organisations. Questionnés sur ce qui freine leur productivité, les travailleurs répondent au premier chef des appels et des réunions à 35%, ce qui rappelle l’importance de prendre gare aux risques de « l’hypercollaboration », que nous avons récemment abordé dans un article.
Comprendre ses habitudes de travail et ses préférables – et se concentrer sur les résultats – est la clé pour maximiser la productivité, a rappelé Paul McDonald, directeur général senior de Robert Half, dans le communiqué joint au sondage. Quand les membres d’une équipe communiquent leur horaire et sont alignés sur les objectifs, ils deviennent plus efficaces. »
Les employeurs n’en demandent pas plus !
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