Infolettre : les pros québécois s’expriment face à la désaffection de Mailchimp

17 janvier 2020

L’application Mailchimp a longtemps régné en roi et maître sur le secteur de l’infolettre. Or, depuis quelques mois, la grogne se fait entendre parmi les professionnels du Web qui utilisent l’application. Si bien que certains abonnés quittent le bateau. Retour sur les récentes déconvenues du gestionnaire d’infolettre.

Lancée en 2001, Mailchimp a vu son bassin d’utilisateurs exploser en 2009 – passant 85 000 à 450 000 – lorsqu’elle a décidé de créer un forfait de base gratuit pour les utilisateurs qui ont une liste d’envoi de moins de 2 000 clients ou prospects.

Capture d’écran du site de Mailchimp à l’époque

Par la suite, elle a connu une croissance soutenue, pour devenir l’application de référence en termes de gestion et d’automatisation des infolettres. Au point de faire des campagnes publicitaires complètement décalées.

Mais en cours de route, Mailchimp a été plus d’une fois critiqué pour sa grille tarifaire changeante. En 2016, elle rendait obligatoire l’abonnement à Mailchimp pour accéder à l’application Mandrill, qui est elle-même payante. Plus récemment, Mailchimp a fait des changements majeurs dans la manière de calculer sa grille de forfaits gratuit et à la carte.

Mailchimp comptabilise dorénavant l’audience (les contacts) de l’utilisateur plutôt que les clients et prospects qui ont souscrit à notre infolettre. Le plafond des 2 000 «contacts» est ainsi atteint beaucoup plus rapidement.

Changement de cap

Les changements tarifaires de Mailchimp sont le reflet d’un repositionnement stratégique dans leur offre de services :

Depuis 2 ans, MailChimp est à la croisée des chemins, explique le marketeur David Roussel-Picard, fondateur de la Boîte B2P. Elle essaie de tout changer, car elle n’a plus le choix. Les Hubspot, LeadFox, Pipedrive, ConvertKit et ActiveCampaign de ce monde sont les nouveaux outils qui remplacent la simple infolettre. »

Maintenant, l’accent des entreprises s’est déplacé vers les tunnels de ventes, les persona et la personnalisation de l’offre avec des niches… Pour cela, tu dois pouvoir suivre tes audiences en multicanaux.»

En ce moment, Mailchimp effectue en effet la transition de simple gestionnaire d’infolettres à outils de CRM (Customer Relationship Management ou gestion de la relation client, en français) complet. Et ce pivot ne se fait pas sans heurt.

Grogne chez les abonnés

Au-delà des changements tarifaires, plusieurs utilisateurs de Mailchimp reprochent à la start-up californienne une interface inutilement compliquée, proposant des fonctionnalités qui ne vont pas de soi.

Personnellement, je trouve bizarre que cette énorme compagnie ait tant de difficultés avec leur expérience utilisateur, dit la conseillère numérique Rachel Bourbonnais, fondatrice de Huppée agence créative. C’est toujours compliqué pour rien. »

Les onglets ne sont pas instinctifs. Il faut toujours que tu cherches dans le sous-menu d’un sous-menu d’une sous liste. Pourtant, je suis habituée de travailler avec des logiciels beaucoup plus complexes que ça. Déjà qu’on a plein de choses à penser quand on fait une infolettre… »

La marketeuse, qui vient de quitter cette application, explore en ce moment d’autres avenues. Client fidèle pendant 8 ans, le blogueur David Gaughran a lui aussi décidé de tourner la page sur Mailchimp, après avoir analysé de fond en comble la nouvelle politique tarifaire. La grogne, finalement, semble partagée par plusieurs utilisateurs.

I know literally no one that wants Mailchimp to become an all-in-one Marketing Platform. Exactly everyone I have spoken to is concerned that Mailchimp is moving away from its core competency and losing focus too. All the recent changes have been crappy (e.g. Audiences). https://t.co/5MzGKUWPr1

— David Gaughran is faffing about (@DavidGaughran) May 15, 2019