La fois où j’ai fermé mon compte Facebook pendant 1 an
8 mai 2018
À ceux qui en doutent, je confirme qu’il est possible de vivre et même de s’épanouir sans avoir de compte Facebook. Pendant un an, du moins. J’ai passé l’année 2015 loin de cette plateforme, et cela m’a fait le plus grand bien. Voici la petite histoire de ma déconnexion.
Par un étrange concours de circonstances, le contexte – québécois – dans lequel j’ai désactivé mon compte en 2015 ressemble beaucoup au contexte international actuel dans lequel plusieurs utilisateurs de Facebook baignent, au lendemain du scandale de Cambridge Analytica (voir ici les mesures prises par Facebook depuis ou le résumé des auditions de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain)
En novembre 2014, le Québec sortait d’une année politiquement épuisante avec tout le débat sur la charte. Des semaines et des semaines à lire des commentaires pro-chartes et anti-chartes, à voir des amis se tomber dessus à bras raccourcis, se tourner en ridicule et se faire des procès d’intention, tout en se renvoyant le blâme pour le climat délétère dans lequel ils avaient plongé le débat public. Les Américains vivent aujourd’hui la même polarisation politique autour des questions identitaires.
Intellectuellement épuisé par ce débat, j’ai donc décidé de tirer la plogue de mon compte Facebook pendant un 1 an, en publiant un premier message le 30 décembre 2014 :
J’ai publié un second message le lendemain, sous la forme d’un clin d’œil à la série How I Met Your Mother :
Puis, la fin des programmes. Je désactive mon compte.
Pas la fin du monde
Le premier constat que je fais de ma pause « facebookienne » est que le monde continue de tourner, avec ou sans la plateforme de Mark Zuckerberg. Pas besoin de Facebook pour cuisiner, prendre une marche, faire du sport, écouter des séries télé, jouer avec ses enfants.
Deuxième constat : il est faux de dire que tout le monde est sur Facebook. À titre d’exemple, aucun de mes amis ayant des professions libérales (avocats, ingénieurs, etc.) ne se trouve sur Facebook. Pas plus que les cadres, les gestionnaires ou quiconque ayant un emploi l’exposant à recevoir des représailles du public (je pense entre autres aux policiers et aux médecins).
Il n’y a rien de spectaculaire à vivre sans Facebook. Plein de gens de notre entourage le font déjà et on ne s’en rend même pas compte! Pour les rejoindre, on leur écrit un courriel, on leur envoie un texto, rien de bien sorcier. »
Tout cela pour dire que mon année 2015 n’a pas demandé de mesures extraordinaires autre que celle de maintenir une volonté inébranlable de ne pas aller sur Facebook y perdre mon temps.
Facebook n’est pas Internet
Mon but n’étant pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, j’ai continué à profiter des avantages d’Internet. J’ai recommencé à suivre l’actualité sur des sites comme de La Presse ou Le Devoir. Je me suis familiarisé avec une nouvelle manière de consommer du contenu audio, soit le balado. J’ai alors découvert des émissions journalistiques d’une qualité incroyable, tels This American Life et tous les shows de Gimlet Media. Je me suis goinfré d’humour politique en écoutant Real Time with Bill Maher.
Mon but n’étant pas non plus de m’isoler de mes proches, j’ai repris l’habitude d’envoyer des photos de famille et des photos de voyage par courriel, en utilisant des applications comme Dropbox et Google Drive, afin de donner un accès restreint aux parents et amis qui désirent réellement suivre ma vie palpitante (!)
Sans le savoir, je participais alors à une tendance qui n’allait prendre toute son ampleur que maintenant, 3 ans plus tard, en 2018.
En un sens, je fais partie des heureux « pionniers » qui ont initié le mouvement visant à séparer le social du média, en consommant mes nouvelles sur des plateformes différentes de celles que je garde contact avec ma famille. »
C’est ce que de plus en plus de gens demandent, et c’est ce que les grands médias sociaux essaient de récréer désormais sur leur plateforme.
Les avantages d’une sabbatique
Pendant l’année 2015, je n’ai pas eu à gérer le stress de voir mes amis commenter chaque soubresaut de l’actualité, en me demandant si je suis d’accord ou non avec eux. (Une conversation autour d’une bière m’apparait un contexte beaucoup plus propice pour refaire le monde et en régler tous les problèmes.)
En toute honnêteté, je n’ai pas eu non plus à gérer le fait de constamment comparer ma trajectoire professionnelle avec celles de mes « amis » Facebook.
L’un qui a son projet de film qui débloque; l’autre, son livre; l’autre, son exposition, etc. À l’époque où je passais régulièrement du temps sur Facebook, j’en étais venu à ressentir l’urgence constante « d’annoncer » quelque chose, de faire « aboutir » un projet, de « publier » un truc, alors que certains projets prennent du temps, du recul, etc.
Facebook (et LinkedIn plus encore!) nous force à être en mode « bilan » 24 h sur 24 h, 7 jours par semaine. En ai-je assez fait, suis-je à la hauteur, ai-je convaincu tout le monde que j’avais à convaincre? Ça devient épuisant à la longue.
En 2015, j’ai pu vivre ce que j’avais à vivre l’esprit tranquille, en accordant toute mon attention à ceux qui m’entourent dans le monde physique (amis proches, collègues, famille, cochon d’Inde). En fin de compte, je dois dire que cette pause m’a été grandement bénéfique. Et si je me fis à la première publication de l’année suivante, il semble que ces mois aient été bien remplis :
Éloge du « facebooking éphémère »
Depuis cette pause, je suis sur Facebook « on and off ». J’active mon compte au besoin, quand j’ai quelque chose à dire, à partager ou à annoncer. Autrement, je le désactive et continue ma vie sans y penser.
Ma position est la suivante : pourquoi devrait-on choisir entre l’omniprésence d’être constamment sur Facebook et le débranchement définitif? J’utilise la plateforme de Mark Zuckerberg selon mes termes, quand et où j’en ai besoin.
Un exemple. En tant que journaliste, j’ai besoin d’aller sur Facebook pour suivre des groupes « fermés » (afin de me tenir aux faits des tendances, genre) et pour contacter certaines personnes plus faciles à joindre de cette façon. J’utilise alors un second compte sans amis ni groupes publics.
Pendant ce temps, dans ma vie personnelle, je profite de ma liberté retrouvée pour explorer des médias sociaux « de niche » qui ont plus à offrir que l’amplification de nos humeurs quotidiennes (comme expliqué dans cet article). Je vais sur Strava pour le vélo. Je partage mes lectures et mes séries préférées sur VERO. Je fais des expériences avec 1 Second Everyday, etc.
Facebook n’est qu’un média social parmi tant d’autres. Le Web a beaucoup plus à offrir!
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