La pandémie redistribue les cartes en termes d’avenir professionnel
Par Kévin Deniau
6 mai 2021
Selon deux sondages publiés récemment par le cabinet mondial de recrutement de personnel Robert Half, les travailleurs canadiens sentent que, depuis le début de la pandémie, leur carrière fait du surplace. Pire : un tiers pourraient démissionner s’ils doivent retourner au bureau à plein temps !
L’expression « nouveau normal » s’emploi aujourd’hui à toutes les sauces, après la pandémie mondiale vécue de part et d’autre du globe. Le secteur du travail ne fait pas exception, notamment les parcours professionnels des travailleurs canadiens.
Plus du quart des travailleurs affirment que la pandémie a contribué à un échec professionnel
Selon un premier sondage réalisé par Robert Half auprès de 500 travailleurs de 18 ans ou plus (fournies du 26 mars au 15 avril 2021) et de 600 cadres supérieurs (fournies du 19 novembre au 18 décembre 2020) dans des entreprises comptant 20 employés ou plus au Canada, on apprend ainsi que plus du quart des professionnels (27 %) déclarent que leur carrière est en pause depuis le début de la pandémie. Ce chiffre passe même à 55 % pour les personnes âgées de 18 à  24 ans.
Voici les domaines où les travailleurs dont la carrière est en pause se sentent bloqués :
- La progression des salaires : 62 %
- L’avancement professionnel : 62 %
- Le perfectionnement des compétences : 42 %
- La capacité à développer leur réseau professionnel : 42 %
La fidélisation des équipes en questionÂ
Les gestionnaires confirment également ce constat. Dans la deuxième partie du sondage, 49 % des gestionnaires principaux ont en effet révélé qu’ils avaient reporté la promotion de leurs salariés les plus performants en raison de la pandémie de la COVID-19, et 61 % de ces répondants s’inquiétaient par conséquent de la fidélisation du personnel. Surtout dans ce contexte de pénurie de main d’oeuvre au Québec et de tension sur le marché des talents.
La menace n’est effectivement pas illusoire, toujours selon la même étude : 28 % des travailleurs ont déclaré avoir changé de perspective en raison de la pandémie et vouloir occuper un emploi plus significatif ou plus satisfaisant.
En plus de modifier considérablement le spectre de l’embauche pour les chercheurs d’emploi au Canada, la pandémie a également perturbé le cheminement de carrière des employés, a déclaré David King, président de district principal du Canada de Robert Half. Alors que nous nous tournons vers l’avenir et vers un marché du travail plus actif, il est temps pour les organisations de mettre en place des programmes conçus pour conserver les meilleurs talents. Cela inclut des initiatives spécifiques qui attireront les jeunes travailleurs et des possibilités pour tous les employés d’acquérir des compétences et de faire progresser leur carrière. »
Dans un article publié en janvier 2019, Robert Half donnait d’ailleurs quelques bonnes pratiques pour améliorer la fidélisation de ses salariés. Plus que jamais d’actualité, il évoquait par exemple :
- L’accueil et orientation
Essayez de mettre en place un processus d’accueil qui permet au nouvel employé non seulement d’en apprendre davantage sur son propre travail, mais aussi sur la culture organisationnelle et sur la façon dont il peut contribuer au succès de l’entreprise et s’y épanouir. Encouragez des discussions continues, fixez des objectifs et créez des occasions de répondre aux questions et de régler les problèmes au moment opportun. » 
- Les Programmes de reconnaissance et de récompense
Prenez l’habitude de remercier vos subordonnés lorsqu’ils dépassent les attentes, que ce soit avec un sourire sincère, une carte-cadeau ou une journée de congé supplémentaire. Montrez à vos employés que vous êtes reconnaissant pour leurs efforts et rappelez-leur combien leur dur labeur aide l’entreprise. »
- Ou encore la conciliation travail-vie personnelle
Encouragez le personnel à prendre des vacances et, si les heures supplémentaires sont vraiment nécessaires pour terminer un projet, essayez d’offrir une journée de congé ou de permettre aux employés d’arriver plus tard le lendemain pour compenser leurs efforts et pour accroître la satisfaction professionnelle. »
Un télétravailleur sur trois pourrait démissionner s’il doit retourner au bureau à plein temps
Cet enjeu de fidélisation lié à l’absence de progression professionnelle est aussi renforcé par… la perspective du retour au bureau ! Selon une autre étude de la forme de recrutement, publiée en avril dernier.
Selon les réponses, données du 9 au 16 mars 2021 par plus de 500 travailleurs âgés de 18 ans ou plus qui travaillent dans des entreprises au Canada, un professionnel sur trois (33 %) qui travaille actuellement à domicile en raison de la pandémie chercherait un nouvel emploi s’il devait être au bureau à temps plein.
Une sacré épine dans le pied des employeurs. Ce que souhaitent les employés ? Plus de la moitié de ceux interrogés (51 %) préfèrent une formule de travail hybride, où ils peuvent partager leur temps entre le bureau et un autre endroit.
Voici d’ailleurs les principales façons dont les entreprises peuvent les soutenir selon eux :
- La liberté de fixer les heures de bureau souhaitées
- Les frais de déplacement payés par l’employeur
- Un espace de travail personnel sans distraction
- Un code vestimentaire décontracté
- La garde d’enfants fournie par l’employeur
Malgré tout, les professionnels ont également exprimé les hésitations suivantes au sujet du télétravail à temps plein, soulignant l’importance pour les entreprises d’offrir de la flexibilité :
- Les relations avec les collègues pourraient souffrir : 39 %
- Les possibilités d’avancement professionnel seraient moins nombreuses en raison d’un manque de visibilité : 21 %
- Une baisse de la productivité lorsqu’ils sont à la maison : 16 %
Après plus d’un an d’incertitude et de télétravail en raison de la pandémie, certains chefs d’entreprise manifestent de plus en plus le désir d’effectuer un retour à la normale, notamment en ramenant les employés au bureau une fois que cela est considéré comme sécuritaire, indique David King. Toutefois, les entreprises doivent être prêtes à faire face à un éventuel décalage entre leurs structures de travail idéales et celles de leurs employés. Alors que nous repensons l’avenir du travail, il est temps pour les gestionnaires d’engager des discussions attentives avec leurs équipes afin de déterminer ce qu’elles veulent et ce dont elles ont le plus besoin. »
Bref, les défis sont encore nombreux à venir !
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