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La patience, une vertu à retrouver dans les organisations ?

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La patience reçoit très peu de crédit comme vertu dans le monde occidental, disent les chercheuses Debra R. Comer et Leslie E. Sekerka (Source: Pexel, Emir KANDİL)

10 mars 2023

À l’ère du tout numérique, on nous demande d’être plus agile, plus rapide, plus adaptable. On nous demande de connaître la dernière techno du jour – ChatGPT, ces jours-ci – sous la menace de « manquer le bateau ». On exige des entreprises une expérience client « sans friction » – sans même sourciller, comme si la vie réelle en était dépourvue. Mais on nous parle rarement de la « patience », comme vertu à cultiver en ces temps incertains. Et pourtant…

En 2014, les chercheuses en gestion Debra R. Comer, de l’université Hofstra University, et Leslie E. Sekerka, du Menlo College, ont publié une thèse fort intéressante (1) sur la patience, argumentant que cette vertu recevait très peu crédit dans le monde occidental.

Les milieux de travail hautement volatile d’aujourd’hui, où la demande d’immédiateté est envahissante, minent particulière cette vertu, écrivent les autrices. La sagesse populaire semble suggérer que la patience retarde l’atteinte des objectifs et qu’une personne patiente renonce à être compétitive. Les gens qui vivent avec un état d’esprit où le ‘gagnant emporte tout’, peuvent considérer mal avisé, sinon absurde, de prendre une pause pour considérer les besoins d’autrui. »

Trop souvent, la patience est confondue avec l’immobilisme, la léthargie ou le manque de courage de prendre une décision importante et agir. Alors qu’il s’agit peut-être, dans plusieurs situations, de laisser maturer une expérience ou une décision.

Aussi, la patience ne se limite pas à la notion de savoir « prendre son mal en patience ».

Des éthiciens et des psychologues de la morale ont commencé à donner plus de considération à la patience. Ces chercheurs font valoir que la patience est plus que la capacité de reporter la gratification, et que ses applications peuvent prendre une dimension morale quand les autres personnes sont impliquées. Les individus patients comprennent que leur temps ne vaut pas plus que celui des autres. »

Dans ce même papier, la chercheuse fait valeur que les organisations peuvent tirer de grands avantages de cultiver la patience :

  • développer des produits et des services de qualité – car on a eu la patience de porter le projet à maturité,
  • assurer sa pérennité – car on prend des décisions sur le long terme,
  • augmenter la productivité – car les employés sont plus à l’écoute les uns des autres,
  • maintenir des comportements éthiques – car la direction ne pas de pression pour couper les coins ronds.

Avoir la patience de reconnaître les besoins et le point de vue des autres peut faciliter les relations intergroupes dans des organisations à la démographie diverse. Ça peut aussi alimenter la créativité en permettant aux gens intrinsèquement motivés de générer des idées non seulement nouvelles, mais aussi utiles pour les autres, » indiquent-elles.

Une vertu qui se cultive

Est-ce que la patience s’apprend, ou est-ce une qualité morale que l’on reçoit à la naissance? La question se pose. Or, il semble que ce trait se développe. C’est ce que suggère une étude menée en 2012 (2), dans laquelle des étudiants ont suivi un programme visant à renforcer la patience, par des séances de méditation et l’enseignement de techniques de contrôle de soi.

Le programme a entraîné une augmentation de la patience, une diminution de la dépression et un affect plus positif envers le sentiment de contrôle, ce qui suggère que la patience peut être modifiée.»

De manière générale, la patience est fortement corrélée au bien-être personnel. Donc, si on prend soin de soi, de sa santé mentale physique et mentale, on se sent plus patient.

Finalement, le site de l’Institut français du leadership positif propose trois manières très concrètes de cultiver sa patience au quotidien :  

  1. Réenvisager la situation : votre collègue est en retard à la réunion, au lieu de pester contre son manque de respect, choisissez d’utiliser ce temps comme une bonne occasion de lire un article ou de reprendre vos notes.
  2. Pratiquer la pleine conscience : quand la colère monte, prenez une grande respiration et observez les émotions qui vous envahissent sans les juger.
  3. Faites preuve de gratitude : exercez-vous régulièrement en exprimant de la reconnaissance envers ce que vous avez aujourd’hui, vous serez moins frustré par l’envie d’obtenir plus et mieux immédiatement.

Mettons le troisième conseil en pratique dès maintenant… en témoignant de la gratitude pour recevoir de si précieux conseils!

Références

(1) Taking time for patience in organizations;

(2) An examination of patience and well-being.


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