Expérimentation de la semaine de 4 jours chez Poches et fils : L’aventure va finalement continuer durablement !
3 novembre 2021
En juillet dernier, le fabriquant de t-shirt « à poche » Poches et fils – réputé pour ses créations pleines d’humour et de couleurs – avait annoncé le lancement d’un projet pilote où les employés verraient leurs semaines de travail passer de 40 à 32 heures, sans diminution de salaire. Le projet devait durer trois mois, jusqu’au 1 octobre. Nous nous étions mis une note pour relancer l’entreprise montréalaise à ce moment, pour connaître le bilan de son expérience. Entrevue avec Camille Hamelin, cheffe de la direction et associée de Poches et fils.
Avant de plonger dans le vif du sujet, pouvez-vous nous expliquer la formule exacte qui avait été retenue pour votre semaine de 4 jours?
Camille Hamelin : Oui, bien sûr. Nous avons proposé aux employés de travailler 4 jours par semaine avec une journée commune de congé, le vendredi. On est donc passé d’une semaine de 40 heures à 32 heures, pour le même salaire annuel.
Dans notre plan initial, nous devions retourner à 5 jours par semaine pour les trois mois qui précèdent Noël, puisque c’est une période très occupée pour nous. Nous pensions adopter une formule du genre : 9 mois à 4 jours et 3 mois à 5 jours. Or, le projet pilote s’est super bien passé; les employés ont apprécié et, en fin de compte, nous avons décidé de travailler 4 jours par semaine, tout au long de l’année.
Le projet est un succès, donc!
C. H. : Oui! Il faut préciser quelques exceptions à la formule annuelle de 4 jours par semaine finalement retenue :
- Deux vendredis par année, nous demanderons aux employés de participer à une activité de bénévolat.
- Nous demandons aux employés de se rendre disponible un vendredi en fin d’année, pour aider à la production.
- La semaine de travail demeure à 4 jours, même lorsqu’il y a un jour férié.
Il faut aussi mentionner que, dès le début du projet, il y a un aspect de présence à l’atelier qui faisait partie intégrante de notre proposition de 4 jours par semaine. Nous demandons à l’équipe administrative de se présenter à l’atelier au moins 3 jours par semaine.
Pour quelle raison?
C. H. : Anthony Vendrame (le président de Poches et fils) et moi ne sommes pas des fervents partisans du télétravail. Nous effectuons un travail créatif, qui se prête davantage au présentiel. Nous sommes conscients que chacun a une situation particulière; c’est pourquoi nous voulons tout de même demeurer flexible, en accordant une journée de télétravail par semaine. Je ne compile pas les présences, mais la demande semble globalement respectée.
A l’annonce du projet, vous espériez faire des gains en productivité. Est-ce que ce fut le cas?
C. H. : C’était peut-être ambitieux de dire que l’on parviendrait à mesurer les gains de productivité. Mon impression, c’est que nous accomplissons une charge de travail comparable, mais en moins de temps. Globalement, je crois que chaque personne – incluant moi – porte une grande attention pour être efficace dans ses tâches et éviter les réunions superflues. En même temps, nous ne sommes pas devenus des robots. En tant que gestionnaires, nous continuons de mettre l’emphase sur le plaisir au travail et l’importance de prendre des pauses. Nous avons maintenu notre récréation de 15h chaque jour !
Quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui songe à un tel projet?
C. H. : Dans notre cas, je crois que c’était important de le faire en collaboration avec un partenaire externe (la firme de consultation Flo), puisque nous n’avions pas de département RH. Ils nous ont aidés au niveau de la rédaction des contrats de travail et de la manière de communiquer la nouvelle. Pour nous, c’était un saut dans l’inconnu et ils nous ont beaucoup rassurés à cet égard. Une fois que l’on donne un avantage à un employé, c’est difficile de revenir en arrière. Moi-même, j’aurais été triste de perdre ma journée de congé. Il y avait un petit stress de se lancer dans l’inconnu. Mais en fin de compte, tout s’est bien passé!
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