La tentation de la PCU est-elle un frein au retour à l’emploi ?
1er juin 2020
Le gouvernement du Canada a été très généreux dans sa réponse d’aide financière envers les travailleurs qui ont perdu leur emploi en raison de la COVID-19. Si généreux, en fait, que certains préfèrent toucher la Prestation canadienne d’urgence (PCU) plutôt que de chercher un autre emploi ou d’accepter de retourner chez leur ancien employeur. Une stratégie judicieuse?
Au début de la crise, le premier ministre François Legault avait dit craindre que la PCU soit un frein aux étudiants et aux travailleurs des services essentiels qui gagnent de petits salaires. Sur le terrain, des commerçants ont rapporté qu’ils avaient de la difficulté à convaincre leurs anciens employés de revenir au travail, entre autres dans les boutiques de vélo.
Nous avons demandé à des conseillers en employabilité de nous dire comment ils abordaient cette question délicate avec les chercheurs d’emploi.
Se positionner pour la reprise
Tout d’abord, soulignons qu’il y a des raisons tout à fait légitimes de se prémunir de la PCU et de rester à la maison : garder ses enfants, s’occuper d’un proche malade ou même protéger sa propre santé, si on fait partie d’une population vulnérable au virus.
Toutefois, pour les autres travailleurs, n’y a-t-il pas lieu de foncer plutôt que de jouer « safe » en se prévalant de la PCU (lorsqu’on y a droit, bien sûr)?
Lorsque la PCU arrêtera, rappelle Mireille Sirois Gagné, conseillère en emploi, la demande sera plus forte que l’offre sur le marché de l’emploi. Présentement, un CV a plus de chance d’être vu et considéré que lorsqu’il sera mêlé à 300 autres. En ajout, rien n’indique qu’il y aura des emplois intéressants et disponibles dans 2 mois. Il faut saisir les opportunités maintenant! »
Lamia Lamoudi, conseillère en employabilité, voit une belle occasion de se montrer utile en période de nécessité :
Le chercheur d’emploi rate peut-être des opportunités qui auraient pu faire la différence dans son CV et sa carrière. Mais ce qu’il manque surtout, c’est l’occasion de contribuer à l’économie et à l’effort de guerre, ce qui peut être une grande source de gratification. »
Quand on refuse un poste ou un mandat, il faut aussi prendre conscience que ça peut affecter notre crédibilité aux yeux des employeurs.
Si une personne refuse un emploi sans vraiment avoir de raison pertinente – au profit de la PCU, je crois qu’il y a de sérieuses questions à se poser comme employeur, répond Francis Charette, entrepreneur. Est-ce vraiment le type de candidat que je cherche? Je crois que ça dénote un manque de volonté. »
Respecter le rythme de chacun
Des travailleurs, malgré tout, demeurent craintifs de retourner sur les lieux de travail. Et on peut le comprendre, le virus est encore mal compris des autorités de santé publique et la pandémie, elle, n’est pas entièrement résorbée.
J’accompagne autant des gens qui ont droit à la PCU que ceux n’y ayant pas droit, raconte Sarah Mongeau-Provençal, conseillère au développement de l’emploi chez PME MTL. Je constate la même difficulté à se mettre en action du côté de ceux qui bénéficient que ceux qui n’y ont pas droit. Je pense que la crainte pour la santé d’un proche et les difficultés d’organisation familiale jouent pour beaucoup. »
Sarah Mongeau-Provençal comprend cette réalité et respecte le rythme de chacun des clients qu’elle accompagne.
Bon courage à tous!
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