«Le télétravail a encouragé le repli sur soi et le travail en silo»
10 novembre 2021
La firme de consultation en gestion LHH a mené un vaste sondage auprès de 14 800 travailleurs issus de 25 pays, afin de saisir l’état d’esprit du personnel en cette timide sortie de pandémie. L’étude, publiée le 8 octobre dernier et intitulée Normal: Defining the New Era of Work, apporte une conclusion qui laisse perplexe : les travailleurs se disent être plus productifs… mais aussi plus épuisés que jamais.
Le paradoxe est le suivant. D’une part, plus de huit télétravailleurs sur dix (82%) affirment être autant sinon plus productifs qu’avant la pandémie. D’autre part, pas moins de 40% des employés canadiens ajoutent dans le même souffle avoir souffert d’épuisement professionnel dans la dernière année. Le cas des “jeunes dirigeants” est particulièrement inquiétant ; ils sont plus de la moitié (54%) à signaler un déclin de leur santé mentale et physique sur la même période. Comment expliquer cette situation ? Nous avons abordé la question avec Jim Mitchell, président de LHH Canada.
Isarta Infos : Dans l’étude, vous portez une attention particulière aux jeunes leaders.
Jim Mitchell: En effet. Il est extrêmement crucial que les organisations prennent conscience que leurs jeunes leaders, qui vont définir le futur de leur organisation commercialement et culturellement, sont aussi ceux qui souffrent le plus d’épuisement.
Comment expliquez-vous l’épuisement des jeunes dirigeants, spécifiquement?
J. M. : Travailler de la maison a encouragé les travailleurs à se replier sur eux et à travailler en silo, ce qui a entraîné un déclin de la relation entre collègues et de la culture d’entreprise. Avec de moins en mois d’interactions en face à face, la motivation des travailleurs et la relation avec le gestionnaire se sont détériorées dans la dernière année.
De plus, les leaders semblent ne pas être bien équipés pour supporter le bien-être de leurs employés. Selon notre sondage, 36% des gestionnaires canadiens peinent à identifier et gérer les employés qui ont des problèmes de santé mentale et 39% à identifier ceux qui sont surmenés et en épuisement professionnel.
Les travailleurs eux-mêmes sont aussi à la peine ; quel est le portrait de ce côté?
J. M. : Les employés canadiens sont clairement surmenés; le télétravail a brouillé la ligne entre les heures de travail et la vie personnelle. Notre étude montre que 27% des employés canadiens ont le sentiment que leur équilibre travail-vie personnelle s’est détérioré dans la dernière année.
Seulement 17% des Canadiens sondés croient que leur motivation au travail s’est améliorée dans les douze derniers mois, tandis que 34% pensent au contraire que ça s’est empiré. Ajouté à cela, un peu moins de la moitié des jeunes travailleurs se disent insatisfaits de la performance de leurs leaders senior.
Quelles sont les solutions pour sortir de cette impasse?
J. M. : Bâtir et développer des environnements de travail, des cultures et des compétences qui font la promotion et qui supportent positivement la santé mentale à tous les niveaux de l’organisation sera un facteur clé dans le nouveau normal. Ça commence avec une culture d’entreprise qui récompense, supporte et permet des horaires flexibles et un libre choix du lieu de travail.
De plus, les organisations et les leaders doivent trouver des manières de nourrir la confiance, la flexibilité, l’éthique, l’intelligence émotionnelle et l’empathie. Elles doivent activement s’engager auprès de leur personnel pour s’assurer que la culture, le bien être et le soutien des employés est au cœur de leur stratégie d’acquisition et de rétention de talent.”
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