Les idées inspirantes pour changer le monde du travail entendues lors du CultureFest
Par Kévin Deniau
17 octobre 2018
Ce mardi 16 octobre avait lieu le CultureFest, un événement, organisé par la société GSoft, consacré à l’innovation et la culture en entreprise. Isarta Infos y était. Compte-rendu.
« Révolutionnons le monde du travail, ensemble ». La promesse était ambitieuse pour cette deuxième édition du CultureFest, organisée à la TOHU, au nord de Montréal, un haut lieu de spectacles de… cirque !
Cette journée de conférences et d’expérimentations, mise sur pied par GSoft, le créateur notamment du logiciel dédié aux équipes de ressources humaines OfficeVibe, avait pour objectif de réfléchir à des enjeux « comme la culture d’apprentissage, l’innovation et la quête de sens en entreprise ».
Voici les faits saillants que nous avons retenus des deux premières conférences auxquelles nous avons assisté.
Le subtil équilibre entre réalisme et idéalisme
La matinée s’est ouverte avec la prise de parole de Jean-Daniel Petit. Ce dernier, ancien publicitaire chez Sid Lee, ne trouvait plus de sens dans ce qu’il faisait. Il décide avec un ami de reprendre une compagnie de conception de kayaks et de canots faits à la main, Abitibi&co. En parallèle, il a créé un magazine consacré à la nouvelle philosophie du plein air en Amérique du Nord, Beside.
Pour y arriver, Jean-Daniel a mis en avant trois mots : idéalisme – optimisme – mouvement. « Je suis quelqu’un de toujours optimiste et c’est ce qui me permet de faire et d’être dans le mouvement », indique-t-il.
Mais attention au piège :
Il peut être dangereux de n’être que dans le rêve et ne pas faire concrètement ou être tout simplement trop idéaliste et tomber dans le cynisme. »
Au final, l’important est de bien savoir naviguer entre idéalisme et réalisme, le titre d’ailleurs de sa conférence. « Le réalisme finance notre idéal. Il faut naviguer vers son idéal, même s’il y a plein de gens autour de vous pour vous ramener vers le réalisme », concède Jean-Daniel Petit.
Pour lui, un trop plein de réalisme entraîne la perte de créativité et donc… le statu quo, l’inverse du mouvement donc. Autre enseignement : il faut savoir véhiculer l’idéal à ses employés et leur expliquer, parfois, pourquoi il est nécessaire d’en passer par des projets plus « réalistes » et plus rémunérateurs.
Les différentes façons de démystifier l’innovation
Puis, trois intervenants, de domaines radicalement différents, sont venus expliquer leur démarche d’innovation dans leur entreprise : Valérie Robitaille, la cofondatrice et PDG de XpertSea, qui développe des technologies pour rendre l’aquaculture plus profitable et durable, Tristan Vendé de Décathlon Canada et Louis Morissette, l’auteur et président de KOTV.
« L’innovation est un outil mais ce n’est pas une fin en soi, explique Valérie Robitaille, il faut que cela parte d’un besoin. Cela ne sert à rien de réinventer la roue, les utilisateurs doivent toujours être au centre ».
Cette dernière a expliqué par exemple son lancement dans son premier marché, au Vietnam, auprès d’éleveurs de crevettes. « Alors que notre technologie permet des mesures automatiques d’organismes vivants, pour eux, l’innovation résidait plus dans les écrans tactiles alors qu’ils faisaient tous à la main de manière artisanale auparavant ».
Du côté de Décathlon, qui conçoit et distribue des articles de sports, on a décidé d’innover lors de l’implantation du premier magasin au Canada, en début d’année, en… supprimant la hiérarchie ! Par exemple, Tristan Vendé, qui a participé au lancement de la marque à Brossard, ne possède pas de titre.
Nous ne voulons pas avoir de titre, nous sommes répartis en domaines de compétence, en rôle. Nous avons inversé la pyramide de décision », explique-t-il.
Une des conséquences marquantes : le chiffre d’affaires n’est plus considéré comme un objectif mais comme une conséquence. « Notre obsession, c’est que les employés se sentent bien et, si c’est le cas, cela se traduira alors par des ventes », précise Tristan Vendé.
Pour lui, il faut avoir une vision sur le long terme et savoir l’expliquer. C’est à la portée de toutes les entreprises… mais pas de tous les dirigeants car cela implique une perte de pouvoir ! « Il faut accepter qu’une solution choisie ne soit pas nécessairement la sienne. »
Exemple concret et marquant de ce nouveau type d’organisation : la rémunération remontante. Décathlon Canada demande à ses 120 employés à temps complet combien ils s’estiment valoir ! « On co-valide ainsi nos rémunérations ensemble avec, parfois, des remarques qui piquent un peu donc il faut une grande honnêteté intellectuelle, » déclare Tristan Vendé.
Ce mode de fonctionnement ne marche toutefois pas avec tout le monde. « Hier, nous avons signé une séparation avec une salariée qui avait besoin de plus de cadre dans son travail. Il faut se remettre en cause alors et comprendre l’échec au moment du recrutement. Dans ce cas, je n’avais pas compris que le cadre que j’allais lui proposer ne lui convenait pas ».
Le droit à l’erreur, un élément crucial pour innover. « Nous l’avons exercé à plusieurs reprises », plaisante pour sa part Louis Morissette. Tout en relativisant : « Dans notre domaine, la production télévisuelle, notre essayons de réinventer quelque chose qui existe déjà, donc il est possible que cela ne marche pas. Mais on apprend toujours plus de nos erreurs que de nos bons coups ».
Avant de préciser toutefois qu’il était important de ne pas sortir de son coeur de métier et de compétence. « C’est bien d’être innovant mais si c’est dans un domaine que tu ne maîtrises plus, cela ne sert à rien ».
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