Que pensez des « congés de déprime » ?
10 décembre 2024
Une manchette provenant de la Chine corporative a réussi à prendre pied en Amérique : l’idée d’accorder des « congés de déprime» aux employés. Comment interpréter cette tendance ? Explications.
En mars dernier, lors de la « Semaine des supermarchés 2024 », la propriétaire de la chaîne d’épiceries chinoises Pang Dong Lai a annoncé l’entrée en vigueur d’une nouvelle politique : accorder à ses employés 10 « congés de déprime » («unhappy leaves») par année.
Je veux que tous les membres de mon personnel aient de la liberté. Chacun a des moments où il ne se sent pas heureux, a déclaré la fondatrice de la chaîne, Yu Dong Lai. Donc, si vous n’êtes pas heureux une journée, ne venez pas au travail. Nous voulons que nos employés aient une vie relaxe et en santé, pour que l’entreprise le soit aussi [relaxe et en santé]. »
La tendance s’est répandue dans les médias comme une trainée de poudre, passant du South China Morning Post au Economic Times en passant par le Guardian, avant de finalement arriver aux États-Unis, dans les pages de Fast Company et Forbes. Particulièrement enthousiaste, cette dernière publication soutient que cette politique est devenue « une nouvelle solution » à considérer par les organisations afin de contrer le désengagement et l’épuisement au travail… Ah bon?
Congés « de déprime » VS congés « bien-être »
Buzz médiatique ou vraie tendance ? Il est permis de poser la question. Trouve-t-on réellement des entreprises (à part la chaîne chinoise, bien sûr…) qui accordent des congés de déprime à ces employés ? Et est-ce quelque chose que les employés aimeraient avoir ? Nous avons voulu en avoir le cœur net, d’abord en posant la question sur LinkedIn :
Oui, bon… De toute évidence, certaines personnes aimeraient bénéficier de ce type de congé.
Nous avons contacté Monia Boulais, CRHA, présidente de l’agence MB Ressources humaines, pour clarifier si cette tendance avait prise au Québec.
Pour ma part, je n’ai pas vu de congés de déprime dans les organisations. Toutefois, il existe dans différentes organisations une offre de congés de mieux-être ou bien-être qui pourrait répondre à des enjeux de stress ou de santé mentale vécu par un employé. Focaliser sur l’élément de déprime enverrait un drôle de message, ajoute-t-elle.»
La conseillère RH précise que, selon les normes du travail, les employés ont droit à 10 jours de congés maladie, dont deux jours rémunérés. Au-delà, plusieurs entreprises bonifient cette offre en ajoutant de 5 à 10 congés « mieux-être » ou « bien-être », à classer sous la thématique de la santé globale de l’employé.
Cela inclut non seulement des congés maladie, mais aussi des congés de soutien aux enfants, ainsi que des congés personnels, à utiliser après une période de surcharge de travail. Cela permet aussi aux employés de prendre des congés sans avoir à se justifier. »
Un petit coup de déprime ? Une telle politique (mieux-être) viendra sans doute vous redonner le sourire.
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