Télétravail : existe-t-il un risque de surveillance « intrusive » au Québec ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . [caption id="attachment_61319" align="aligncenter" width="570"] Photo : Ali Yahya / Unsplash[/caption] 8 juin 2020 Dans un reportage inquiétant publié dans le N [caption id="attachment_61319" align="aligncenter" width="570"] Photo : Ali Yahya / Unsplash[/caption] 8 juin 2020 Dans un reportage inquiétant publié dans le N Rating: 0

Télétravail : existe-t-il un risque de surveillance « intrusive » au Québec ?

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Photo : Ali Yahya / Unsplash

8 juin 2020

Dans un reportage inquiétant publié dans le New York Times, on apprenait que plusieurs grandes entreprises américaines surveillaient leurs employés en télétravail. Parfois par des logiciels discrets, qui détectent le moment où un employé se connecte au réseau. Mais aussi parfois par des moyens plus intrusifs, comme des captures d’écran ou l’activation de la caméra d’ordinateur.

Doit-on s’inquiéter d’une telle pratique au Québec? Nous avons posé la question à Caroline Coulombe, professeure et chercheuse à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

Au Québec, les gens sont très attentifs à la protection de leur vie privée, par rapport à d’autres sociétés. J’ai moins peur pour le Québec, disons, que d’autres endroits dans le monde. On est une société très attentive à ne pas se faire marcher sur les pieds. »

Les employeurs québécois, ajoute-t-elle, ont habituellement tendance à faire confiance à leurs employés. Le contexte actuel, marqué par l’inquiétude découlant de la pandémie, pourrait toutefois changer la donne :

Le risque d’une surveillance abusive, provenant d’acteurs qui ont peur, est un danger réel. Un contexte comme celui de la pandémie, c’est propice à des glissements dictatoriaux; ça ouvre la porte à une plus grande circulation des informations privées. J’espère qu’on n’ira pas dans cette voie. Mais c’est un souci que j’ai, comme chercheuse et comme personne. »

La surveillance… un mécanisme de gestion parmi tant d’autres

Dans la foulée, la chercheuse rappelle aux gestionnaires qu’une surveillance accrue ne peut à elle seule assurer une bonne gestion à distance.

C’est vrai que, lorsqu’on travaille à distance, on doit créer de nouveaux mécanismes de suivi. Mais, dans un travail en équipe, la surveillance et le contrôle de la qualité ne sont qu’UN des aspects du travail de gestion que l’on doit faire. Il ne faut pas que l’on mette soudainement toute l’emphase sur les mécanismes de surveillance, c’est comme si on oubliait les autres aspects du travail d’équipe. »

Caroline Coulombe pointe vers d’autres éléments fondamentaux de la gestion à distance : clarifier les attentes et les indicateurs de suivi, fixer des dates de livrables, établir une communication claire et directe.

On ne peut pas noyer les gens dans de longs courriels, on doit être succincts dans la formulation de nos attentes », conclut-elle.

Pas de soucis du côté de la petite entreprise

Interrogé sur le sujet, David Lampron, CRHA, associé chez Équipe Humania, ne voit pas lui non plus de tendance se dessiner vers une surveillance généralisée des employés par les PME, qui est son secteur de consultation.

Le conseiller RH admet avoir entendu parler de certaines grandes entreprises ayant mis en place des systèmes pour voir lorsque leurs employés se connectent au réseau.

Les seules mesures de contrôle que j’ai pu constater, à travers mes clients de la petite et moyenne entreprise, ce sont des appels de fin de journée avec des employés. Surveiller ses employés à leur insu, ce serait vraiment mettre en péril la confiance que l’on a envers eux! » s’exclame-t-il.

Voilà un discours rassurant!



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