Démission consciente (conscious quitting) : La nouvelle tendance RH à prendre au sérieux ?
Par Kévin Deniau
14 mars 2024
Les valeurs et les actions de votre entreprise sont-elles alignées avec celles de vos équipes ? Si ce n’est pas le cas, gare au nouveau concept de démission consciente qui vous guette ! Décryptage de cette tendance émergente, surtout chez les plus jeunes.
On connaissait la démission silencieuse (quiet quitting), le phénomène qui consiste à ne faire que le strict minimum au travail. Place désormais à la démission consciente (conscious quitting) ! Le terme vient de l’ancien dirigeant de la multinationale Unilever, Paul Polman.
Dans une étude parue en février 2023, il révèle qu’un tiers (35 %) des 4 000 employés américains et britanniques interrogés ont déjà démissionné dans leur vie car les valeurs de leur entreprise n’étaient pas alignées avec les leurs. Ce chiffre grimpe même à près de la moitié (48 % au Royaume-Uni et 44 % aux Etats-Unis) pour ce qui est de la génération Z ou des Milléniaux. Paul Polman parle ainsi d’une « véritable bombe à retardement » pour les entreprises.
Tout PDG qui pense qu’il ou elle va gagner la guerre des talents en offrant un peu plus d’argent, un peu plus de travail à domicile et un abonnement à une salle de sport va être déçu. Une ère de la démission consciente est en marche, » prévient-il.
La complexité de cette tendance est qu’elle est multifactorielle. Certains salariés peuvent être en désaccord sur les pratiques environnementales de leur entreprise tandis que d’autres vont plutôt être sensibles aux mesures sociales ou encore à la politique de diversité et d’inclusion.
Ainsi, 73 % des Américains et jusqu’à 76 % des Britanniques indiquent que la protection de l’environnement est un impératif pour accepter une offre d’emploi, tandis que trois quart des répondants estiment que l’égalité sociale est une priorité absolue.
Il s’agit d’ailleurs autant d’un enjeu de fidélisation de ses équipes que d’attraction de talents. D’après le rapport de Paul Polman, plus d’un employé interrogé sur trois seraient prêts à accepter une baisse de salaire pour travailler dans une entreprise qui partage ses valeurs. Là encore, plus les répondants sont jeunes et plus le chiffre est important.
Autrement dit, les valeurs et les agissements des entreprises entrent de plus en plus dans la réflexion des candidats quand il s’agit de choisir sa nouvelle aventure professionnelle, au même titre que le salaire, les avantages sociaux ou la flexibilité par exemple.
Des paroles et des actes
Devant ce défi, que peuvent faire les entreprises ? Interroger son monde et prendre le pouls des valeurs de son équipe semblent être le point de départ inévitable. Afin de connaître les sensibilités de ses salariés, d’autant plus si ce type de questionnement n’a pas été abordé lors de leur embauche.
Selon un sondage de Willis Towers Watson mené en 2021, 53 % des entreprises nord-américaines interrogées ont déjà mis en place ou envisagent de mettre en place des activités de mobilisation ou d’écoute des employés pour connaître leurs points de vue concernant les enjeux climatiques.
Mais il ne faut pas se contenter de cet audit. L’important va être de prouver concrètement son action en réponse à ces aspirations. Cela peut prendre la forme d’une réflexion sur les politiques et la culture de l’entreprise. Ou d’engagements concrets en interne comme au sein de la société.
Le plus dur mais le plus impactant est évidemment la prise en compte de ces valeurs au sein même de son modèle économique afin de ne pas tomber dans les simples effets d’annonce !
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