« Les bureaux à aire ouverte sont morts »
Par Kévin Deniau
9 juin 2021
Et ce n’est pas n’importe qui qui le dit : la firme Clive Wilkinson Architects qui les a en grande partie popularisés ! Découvrons les raisons de ce revirement de situation, alors que la question du retour au bureau est plus que jamais d’actualité, après plus d’un an de télétravail pour certains, dû à la pandémie.
Les bureaux à aire ouverte sont morts. Nous constatons qu’il s’agit d’un des changements les plus importants qui ressort de la pandémie, compte tenu de la façon dont les salariés vont se sentir en retournant sur leur lieu de travail, après plus d’un an de télétravail », indique Amber Wernick, associée dans la célébre firme d’architectes californienne, en entrevue pour le magazine FastCompany.
Cette dernière sait de quoi elle parle. Clive Wilkinsons Architects est l’entreprise derrière les design des espaces de travail de Google, Microsoft, TBWA\Chiat\Day ou encore Publicis. Contribuant à ce titre à la large démocratisation de ce modèle à aire ouverte.
Pourquoi cette sentence ?
Déjà, il convient de rappeler que ces espaces de travail sans mur entre les bureaux individuels mais avec une multitude d’espaces de discussion, n’étaient pas exempts de critiques. Malgré leurs atouts indéniables en termes d’optimisation de la surface de bureau pour les entreprises ou de décloisonnement des équipes, les bureaux à aire ouverte étaient accusés d’être bruyant, pas franchement si favorable à la collaboration voire carrément vecteurs de sexisme.
La pandémie n’a pas arrangé leur image. C’est ce dont s’est rendue compte Amber Wernick qui a mené, ces derniers mois, une étude auprès de clients pour comprendre leurs nouveaux besoins et ceux de leurs employés.
« Voici les défis qui s’annoncent : Pourquoi les gens vont-ils venir au bureau ? Quel sera la performance au bureau ? Qui viendra au bureau et à quelle fréquence ? Comment les bureaux devront évoluer pour s’adapter à ces nouvelles habitudes ? », écrit-elle sur le blog de sa firme.
La réponse ? Il n’existe pas de solution standard qui correspondra au futur du travail de chacun. Entre les extrêmes du « travail de n’importe où » et le « 100 % au bureau », il existe une vaste étendue de possibilités hybrides.
Le bureau d’architectes propose donc un espace du travail du futur en 12 blocs distincts afin de réponse aux différents usages souhaités, selon les employés, les tâches à effectuer ou les moments de la journée. En voici quelques uns.
La bibliothèque : l’espace le plus calme du bureau
Un endroit qui ressemble en tout point de vue à des espaces à aire ouverte… sans le bruit ! Ce type d’espace a vocation à être un bureau sans place assignée pour que chacun puisse venir y trouver le calme et la concentration, tout en réduisant tout risque de distraction.
Autrement dit, c’est un espace qui pourrait faire revenir les employés qui ne peuvent réussir à pleinement se concentrer chez eux ou qui peut ponctuellement servir à des tâches spécifiques comme la rédaction, la création ou la lecture de documents.
La place publique : le coeur de l’espace de travail
Autre espace pour un autre usage. Un lieu de vie et d’interactions physiques, après des mois de réunions en ligne. Les architectes de Los Angeles imaginent ici une cuisine et une vaste zone de restauration pour créer un lieu d’activité vivant. A l’image de la cuisine dans une maison.
C’est typiquement l’endroit où l’on vient se servir un café et où l’on a la chance de rencontrer spontanément des personnes variées, avec qui on aurait sûrement jamais interagi sinon. Des moments qui ont très clairement disparu virtuellement et qui, pourtant, peuvent mener à une plus grande cohésion d’équipe.
A noter qu’il s’agit ici d’un virage radical face aux bureaux qui ont multipliés les petites cuisines par étage ou par espace, afin de permettre aux salariés de prendre un café ou leur repas rapidement avant de retourner à leur bureau. L’idée étant au contraire ici de les sortir de leur zone de voisinage direct et de donner la possibilité à tout le monde de pouvoir se rassembler à un même endroit. Une fois immunisé de la COVID évidemment !
L’avenue : un espace multi-fonctionnel et à circulation rapide
Faire de chaque espace un potentiel lieu de discussions et d’interactions. Dans cette avenue, une zone de déplacement en soi, il est possible de s’arrêter quelques minutes pour faire le point avec un collègue que l’on croise.
Cela peut aussi servir d’endroit intermédiaire, après une réunion par exemple, pour creuser un sujet spécifique entre juste quelques personnes, avant de rejoindre son poste de travail.
Bien entendu, les entreprises ne sont pas obligés de mettre en place ces 12 espaces dédiés. Mais cela peut leur donner des idées pour rendre leurs espaces de travail plus diversifiés et en adéquation avec les nouvelles normes.
La pandémie a acceléré de nombreux concepts que nos clients nous demandaient depuis une dizaine d’années, conclut Amber Wernick. Le fait d’avoir été forcé à travailler de la maison et loin de leur bureau, je pense que cela leur a ouvert l’esprit sur ce à quoi un espace de travail peut servir ».
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