Hyperconnectivité et bien-être numérique : « Il faut reprendre la maîtrise de nos technologies »
Par Kévin Deniau
10 mai 2023
Vous n’arrivez pas à décrocher de vos courriels ou de votre cellulaire ? Attention à l’hyperconnectivité ! On aborde le sujet avec Laurie Michel, spécialiste du bien-être numérique, autrice du livre Moins d’écrans plus de moments présents et responsable d’une nouvelle formation sur le sujet.
Bonjour Laurie. Peux-tu rappeler ce qu’est l’hyperconnectivité et à quel moment as-tu découvert ce concept ?
Laurie Michel : J’en ai pris conscience… après être passée très proche d’un épuisement professionnel (burn-out) il y a quelques années ! Je me suis rendue compte à quel point la technologie jouait un rôle déterminant sur mon bien-être et ma performance.
L’hyperconnectivité, c’est en effet l’usage excessif de la technologie. C’est très facile de tomber dans ce piège : on passe notre vie sur les écrans, on a son cellulaire constamment sur soi, ce qui nous rend en permanence joignable, on est sans cesse dans la distraction de ses courriels, des réseaux sociaux, des outils de clavardage…
Tout l’enjeu est que toute cette disponibilité octroyée aux autres ne puisse pas nuire à son bien-être personnel ou à sa performance au travail. Le bien-être numérique passe par une maîtrise des technologies. Il faut reprendre le contrôle de nos outils et décider consciemment de nos moments de connexion.
Quelles sont les personnes que tu accompagnes : les salariés dans une logique de prévention ou ceux qui vivent un « mal-être numérique » ?
L.M. : Souvent, il s’agit d’une démarche des employeurs pour agir en prévention sur les équipes. Il faut dire que nous sommes nombreux à avoir de la difficulté à nous séparer de notre téléphone. Ce qui est normal : leur conception, au même titre que les réseaux sociaux, fait en sorte de nous faire consommer toujours plus.
J’interviens donc pour aider les équipes à lâcher prise et à apprendre à faire des pauses. Ces dernières sont essentielles. Autant pour notre corps, que notre motivation, notre créativité voire la cohésion d’équipe. Nous ne sommes pas des machines ! Même si c’est une véritable bataille du quotidien, devant la surcharge informationnelle que nous avons à gérer et à traiter.
On imagine que le télétravail n’aide pas à améliorer les choses…
L.M. : Non, effectivement. Avec la généralisation du travail hybride, on voit de plus en plus apparaître la notion de présentéisme en ligne, avec son outil de clavardage toujours ouvert en fond. Cela accentue l’hyperconnectivité.
Cette réduction de la frontière physique entre bureau et vie personnelle a des avantages mais aussi des inconvénients à ce sujet. On amène le travail à la maison. Sans parler de la question des réunions à distance qui sont plus épuisantes pour notre organisme que des rassemblements en personne.
Quid de la déconnexion, sujet dont on entend, en conséquence, de plus en plus parler ?
L.M. : On en parle en effet beaucoup sous l’angle du droit à la déconnexion. Mais l’enjeu est bien plus grand que cela. Bien souvent, on s’interdit de s’arrêter car on se dit que si on fait une pause, on ne produit pas, donc on ne travaille pas.
Il convient de redéfinir ces déconnexions et en faire des « pauses créatives » ou « régénératrices » afin d’améliorer notre concentration et de rendre nos journées plus agréables. On a tout à gagner à l’intégrer à nos heures de travail !
Comment traites-tu concrètement de cet enjeu dans tes accompagnements ou ta formation ?
L.M. : Généralement, je commence par aider les gens à comprendre leur relation avec la technologie. Ensuite, on identifie des comportements dont on oublie qu’ils peuvent être nuisibles. Par exemple, le télésnobisme : le fait de prendre son téléphone alors qu’on est en train de parler avec quelqu’un. Pour certains, c’est un réflexe dont ils ne se rendent plus compte et c’est dommageable dans leurs relations à court et à long terme.
Puis, j’évoque comment réapprendre à faire des réunions à distance, pour lutter contre la fameuse « fatigue Zoom ». Autre point abordé : la gestion des outils numériques et notamment des distractions des réseaux sociaux. Enfin, j’explique l’accès à la déconnexion avec des outils et des astuces concrètes pour cultiver son bien-être numérique.
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