Bien-être émotionnel : quelques conseils pour ne pas perdre pied durant la crise
Par Kévin Deniau
27 mars 2020
Il y a quelques jours, le BEC, en partenariat avec Morneau Shepell et LifeSpeak, proposait un webinaire gratuit sur le bien-être émotionnel. Entrevue avec la formatrice en santé mieux-être, Marie-Josée Bertrand, CRHA et conseillère organisationnelle au sein de l’équipe formation chez Morneau Shepell.
Pourquoi ce type de crise affecte notre santé émotionnelle ?
Marie-Josée Bertrand : Car elle amène des bouleversements et que l’humain, par nature, n’aime pas les changements et l’inconnu. L’incertitude rend inconfortable.
L’humain aime prévoir et planifier. C’est pour cela que l’on se crée des routines avec des horaires. Remarquez le nombre d’éléments dans nos vies qui sont planifiés. En fait, le cerveau humain a besoin de créer cette impression de contrôler l’environnement.
Mais il peut arriver des imprévus. Dans le cas de cette pandémie, et des mesures qui en découlent, on sait quand ça commence mais pas quand ça va finir. Ni quels sont les changements qui vont venir successivement. Ce qui peut créer de l’anxiété chez certains.
Il y a aussi tous ces changements concrets comme le télétravail à la maison avec ses enfants, la solitude ou l’anxiété de perdre ou d’avoir perdu son travail.
M.J. B. : C’est vrai que nous avons observé beaucoup moins d’appels la semaine dernière, au centre d’appels de Morneau Shepell. Les gens étaient en train de s’organiser. Mais cette semaine, ils commencent à s’occuper d’eux-mêmes et commencent à être nerveux, c’est normal.
C’est vrai qu’il est fatiguant pour un parent de travailler et de s’occuper de la maisonnée en même temps. Il y en a qui font ainsi de l’anxiété de performance. Soit pour leur travail, car ils n’arrivent pas à livrer la marchandise, soit car ils estiment ne pas être à la hauteur comme parents.
Dans ce cas, il faut vraiment se faire confiance et se montrer emphatique et indulgent envers les autres mais aussi soi-même.
Pour ceux qui ont l’anxiété de perdre leur travail, il faut d’abord prendre soin de vous comme personne. Vous avez perdu vos revenus et votre emploi mais vous n’avez pas perdu vos compétences. Et vous pourrez toujours les mettre à profit après la crise. Sachant que les filets sociaux sont aussi là pour aider.
Comment faire face à cette situation si on sent que le moral commence à flancher ?
M.J. B. : Il faut un temps d’adaptation et prendre soin de soi avant d’aider les autres. Si on consultait déjà un spécialiste de la santé auparavant, il faut se reconnecter avec lui.
Si c’est la première fois, il est important d’en parler à des gens de confiance ou via le programme d’aide aux employés de son entreprise, s’il y en a un. Parler d’un problème, c’est déjà se mettre en mode recherche de solutions inconsciemment.
Je conseille aussi de méditer et de se concentrer sur un point. Souvent, en situation d’anxiété, on se retrouve dans une spirale de pensée qui tourbillonne dans la tête. Comment faire pour arrêter le petit hamster en vous qui crée la peur ?
Il faut en prendre conscience, se concentrer sur ce que l’on peut vraiment contrôler et penser à une seule chose pour déconnecter le cerveau et prendre du recul pour voir autre chose que le problème.
Lorsque nous avons peur, nous avons aussi tendance à nous concentrer sur le négatif. Il est préférable de se concentrer sur les faits, des histoires positives et donc… de surveiller sa consommation de média !
Avez-vous des conseils pratiques à donner ?
M.J. B. : Il peut être bon de se créer un mantra, une mission. Qu’est-ce qu’on va faire en famille ? Comment s’impliquer dans la communauté ?
Il est aussi important de se faire du bien à l’âme et de faire en sorte qu’il y ait des moments amusants dans votre journée.
Pour ce qui est des parents, il faut enfin laisser vos enfants être des enfants. Ne leur parlez pas des événements de manière anxiogène. Si vous donnez trop de détails à un enfant de moins de 4 ans, il risquerait de ne pas comprendre et cela provoquerait de l’anxiété.
Dans ce cas, il faut encourager vos enfants à faire preuve de compassion. Par exemple en appelant grand papa ou grand maman ou en leur demandant de vous aider.
Et enfin, pensons à la sortie de cette situation. La résilience, ça se construit. On a tous quelque chose à apprendre et il faut se dire que c’est un opportunité pour faire de soi un être meilleur dans le futur !
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le webinaire gratuitement ci-dessous :
Et en parlant de résilience, nous vous invitons à regarder cette conférence du grand neuropsychiatre français Boris Cyrulnik. Cela dure une heure… mais on a le temps en ce moment 🙂
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