La créativité peut-elle vous mettre à risque au travail? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . [caption id="attachment_68563" align="aligncenter" width="680"] Jack Goncalo - Credit photo : Gies College of business[/caption] 24 septembre 2019 Un professeur [caption id="attachment_68563" align="aligncenter" width="680"] Jack Goncalo - Credit photo : Gies College of business[/caption] 24 septembre 2019 Un professeur Rating: 0

La créativité peut-elle vous mettre à risque au travail?

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Jack Goncalo – Credit photo : Gies College of business

24 septembre 2019

Un professeur de l’université de l’Illinois s’est intéressé à la créativité au travail en posant l’hypothèse qu’une créativité débridée, qui s’exprime sans encadrement, pouvait mettre les employés « à risque sur le plan personnel et psychologique ». Explications de sa thèse, ainsi que des résultats de son étude.

Le professeur en administration Jack Goncalo est parti de l’idée suivante : on vante à tout vent la créativité en entreprise, alors qu’on ne s’est jamais intéressé aux conséquences négatives que cela pouvait avoir sur les employés.

Quand on est créatif, on partage quelque chose à propos de nous-même permettant aux autres de nous juger, a-t-il expliqué dans le communiqué de presse accompagnant la publication de son étude dans le Personality and Social Psychology Bulletin. Je crois que les gens – aussi bien les gestionnaires que les employés – doivent être conscients des risques que ça implique. »

Pour illustrer sa thèse, le professeur a mené 4 expériences distinctes visant à démontrer que les sessions de travail créatives poussaient inévitablement les personnes « à se dévoiler ». Concrètement, l’équipe de recherche a demandé aux participants d’une séance de remue-méninges s’ils avaient eu l’impression de « s’être dévoilé ». Et comme attendu, les gens qui s’étaient montrés les plus créatifs avaient la plus forte impression de s’être dévoilés.

Quand les personnes sont créatives, elles ne font pas seulement résoudre des problèmes. Elles révèlent quelque chose de profondément personnelle. Les idées qui sont partagées quand nous brainstormons et générons des idées – elles ne sont pas juste des solutions abstraites à un problème. Elles dérivent de notre perspective unique et idiosyncrasique. On puise au plus profond de nous-mêmes pour partager quelque chose qui reflète notre point de vue, et ça rend le processus risqué, personnel et portant à conséquence.”

La conséquence la plus néfaste, selon le professeur, est de subir la critique d’un collègue sur des idées très personnelles que l’on a exprimé.

Quand une personne dit qu’elle n’aime pas une idée, elle se trouve en fait à rejeter la perspective ou le point de vue de la personne, ce qui est dangereusement proche de rejeter la personne elle-même, ce qui est risqué dans un contexte de travail.”

Par conséquent, le professeur propose de porter une attention particulière à la manière dont se déroulent les remue-méninges, quitte à garantir “un plus grand anonymat’ des participants, ou encore, à mettre en équipe des gens qui ont des “affinités communes”…

Le syndrome du “on ne peut plus rien dire” ?

Cette prise de position du chercheur de l’université de l’Illinois découragera sans doute les amoureux de la liberté d’expression tous azimuts, qui dénoncent le politiquement correct, l’émergence des safe spaces.

Ce genre de mise en garde sur les risques de la créativité au travail semble effectivement alimenter l’idée que l’on « ne peut plus rien dire » sans risquer de heurter la sensibilité de quelqu’un, au travail comme ailleurs.

D’ailleurs, on pourrait émettre le même avertissement aux gens qui font preuve de sens de l’initiative en entreprise. Sans doute risquent-ils eux aussi de se faire “juger” par leurs collègues plus prudents de nature.

Vous en pensez quoi : trop risquée, la créativité ?



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