Les médias sociaux sont la première source d’information des moins de 35 ans, l’IA pointe le bout de son nez
Par Kévin Deniau

3 juillet 2025
Le Reuters Institute, un centre de recherche sur les médias lié à l’université d’Oxford (Royaume-Uni), vient de publier son imposant (170 pages) rapport annuel. Une référence pour analyser les nouvelles tendances en matière de consommation de l’information. Le résumé en 4 faits saillants.
Près de 100 000 personnes ont été interrogées en ligne dans 48 pays de tous les continents pour obtenir ces résultats. Un échantillon représentatif aussi rare que précieux pour connaître les usages en matière d’information. Voyons les enseignements principaux.
1- L’émergence des robots IA conversationnels pour s’informer
C’est une tendance qui semble inéluctable : l’utilisation de l’IA générative pour s’informer. Certes, elle est encore naissante. Seulement 7 % des personnes sondées se servent de ChatGPT ou Gemini par exemple dans ce but chaque semaine. Mais elle commence à devenir non négligeable chez les moins de 25 ans (15 %). 3 % de ces derniers déclarent qu’il s’agit même de leur source principale d’information.


Une pratique qui inquiète non seulement Google, qui voit une partie de son audience se détourner de son moteur de recherche. Mais aussi les médias qui ne peuvent que déplorer l’éloignement progressif de leur audience dans la chaîne de valeur de l’information.
Sans surprise, c’est ChatGPT qui capte l’essentiel des utilisateurs, même si la bataille ne fait que commencer avec Google Gemini, Meta AI, Claude ou encore Perplexity.

2- Les médias sociaux et les vidéos sociales toujours en croissance
La bascule s’est faite sur une génération. Aujourd’hui, l’ensemble des moins de 35 ans s’informent principalement sur les médias sociaux devant les site des nouvelles ou la télévision (cf graphique ci-dessus).
Parmi les plateformes utilisées, malgré son déclin progressif, Facebook reste le numéro 1 devant Youtube. En 3e position, Instagram vient de détrôner Whatsapp (ces deux dernières applications étant dans le giron du groupe Meta). Tandis que Tik Tok fait une percée fulgurante et devrait dépasser X/Twitter l’année prochaine à ce rythme.

Dans certains pays comme le Brésil ou les États-Unis, les médias sociaux sont l’outil principal d’information pour plus d’un tiers de la population, alors qu’en Europe ou au Japon, la proportion dépasse à peine les 10 à 20 %.

Notons que la part des sondés qui visionnent des vidéos en ligne pour s’informer est passée de 52 % en 2020 à 65 % aujourd’hui.
3- Le recul des médias traditionnels
Corollaire inévitable des points précédents : le lent et inexorable déclin des médias traditionnels, à l’image de la télévision qui était le canal d’information chaque semaine de près de 80 % de l’Occident il y a encore une dizaine d’années. Las. Ce chiffre s’apprête à passer sous les 50 % aux États-Unis et au Japon et est à peine supérieur à 60 % en France et en Allemagne.
Selon le rapport, aux États-Unis, les matinales télé comme « Good Morning America » ont perdu près de la moitié de leur public en dix ans !

Autre donnée instructive : aux États-Unis (en ligne avec les autres pays), le premier réflexe pour s’informer le matin est aujourd’hui le cellulaire (39 % dont 57 % des moins de 35 ans). Relayant la radio (6 %), les journaux papier (1 %) voire l’ordinateur (10 %) loin derrière.

4- La confiance envers les médias se stabilise
Autre élément scruté chaque année dans le rapport : la confiance envers les médias. Pour la troisième année, elle est stable à 40 % globalement. À 29 %, la France affiche l’un des taux les plus faibles des pays étudiés, juste derrière les États-Unis (30 %) tandis que les pays scandinaves sont au sommet (Finlande (67 %), Danemark (56 %), Norvège (54 %), Suède (53 %)). Le Canada étant dans l’entre deux à 39 %.


Un dernier graphique nous a particulièrement interpellé : la différence radicale de vision aux États-Unis sur la modération des réseaux sociaux selon le bord politique. Un pays coupé en deux.

Sur le même thème
média • Tendances