Comment l’IA transforme les organisations au Québec?

24 avril 2025

Lors de la conférence Midi express du 28 mars dernier, Zyad Chouadhi expert en innovation et transformation numérique a détaillé en quoi l’intelligence artificielle redéfinit les modes de collaboration et de travail des organisations. Voici les faits saillants de son intervention.

« L’IA au Québec en 2025 : 5 réalités qu’on ne vous dit pas. » Telle était le titre accrocheur de la prise de parole de Zyad Chouadhi, par ailleurs formateur pour Isarta.

Il faut dire que, d’après une étude de la firme britannique Tortoise Media commandée par le Forum IA Québec, une OBNL créée par le gouvernement Legault en 2020, la Province se classerait au 7e rang mondial parmi les meilleurs nations mondiales en matière d’intelligence artificielle. Notamment grâce à sa recherche fondamentale et appliquée et la création et le financement d’entreprises d’IA (plus de 600 organisations fournissant des produits et des services d’IA pour près de 45 000 professionnels de l’intelligence numérique).

Pas de quoi se faire péter les bretelles pour autant, rebondit toutefois avec humour Zyad Chouadhi. Certes, on forme des cerveaux mais on les exporte ou on produit pour les autres ».

C’est la première réalité insoupçonnée abordée par l’auteur et conférencier : l’IA québécoise n’existe pas ! D’ailleurs, parmi les participants au webinaire, une écrasante majorité (près de 90 %) utilisent des outils américains quand il s’agit d’intelligence artificielle.

La raison est simple : Google et Microsoft entre autres ont bien des bureaux à Montréal, mais leurs produits sont bien « Made in USA ».

La « bombe RH » de l’IA

La deuxième réalité est sûrement la plus intéressante et intriguante : la « bombe RH », comme l’appelle Zyad Chouadhi. Une bombe à plusieurs niveaux.

D’une part, contrairement à une croyance populaire, l’IA exacerbe la pénurie de main-d’oeuvre au Québec.

On parle beaucoup des nouveaux profils nécessaires mais moins des migrations de poste. La majeure partie du temps, il ne s’agit pas de nouveaux emplois mais de déplacement de personnels déjà hautement qualifiés qui mettent à jour leurs compétences », explique-t-il.

Dans un rapport récent, l’Institut du Québec estime que 18 % des emplois de la Province sont touchés par l’IA, soit plus de 800 000 personnes.

D’autre part, l’autre volet de la bombe RH concerne la « techno anxiété » générée par l’IA. Autrement dit, la peur de perdre son emploi, l’érosion (perçue du moins) de compétences fondamentales voire la surcharge cognitive invisible. Selon lui, l’adoption non régulée d’outils d’IA générative entraîne une augmentation de 40 % des troubles attentionnels dans les métiers créatifs.

Comme avec l’arrivée d’Internet à l’époque, il y a beaucoup de bruit tous les jours avec l’IA. Ce qui affecte le travail, touche la confiance en soi et génère du stress aussi bien pour les employés que la direction », assure Zyad Chouadhi.

Les données, le carburant de l’IA

« Intéressez-vous à la loi car la loi s’intéressera à vous », prévient ensuite celui qui est surnommé « le guide numérique », en abordant le volet juridique de l’IA. Notamment le projet de loi C-27 sur la protection de la vie privée des consommateurs.

La grande question à se poser pour les organisations ? Non seulement chez qui sont stockées ses données mais également où ? Ceci afin d’être en conformité avec les règlementations provinciale, fédérale mais aussi, parfois, extra-territoriale.

Au-delà des enjeux de stockage, les données représentent un enjeu déterminant quand on parle de projet IA. D’une part, elles sont souvent mal structurées ou incomplètes. D’autre part, les modèles d’IA, en majorité américain donc, sont entraînés avec des données généralement non adaptées aux besoins locaux.

La transformation numérique stimulée par l’IA ouvre de nouvelles perspectives pour la croissance économique et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. On n’est qu’au début de la game ! », lance en conclusion Zyad Chouadhi.