Comment gérer le « nouveau normal » pour les gestionnaires et équipes RH ?
22 mai 2020
Le 13 mai dernier, l’OMS a déclaré que le coronavirus pourrait ne jamais disparaître et que nous devrons apprendre à vivre avec pour quelque temps encore. Les entreprises doivent par conséquent trouver leur vitesse de croisière et se définir une nouvelle normalité. Le rôle du gestionnaire, ici, sera crucial.
Les sociétés québécoise et mondiale sont encore en gestion de crise. Les entreprises qui font face à la faillite, également. Mais les entreprises qui peuvent poursuivre ou reprendre leurs activités, elles, ne le sont plus. Elles s’adaptent à de nouvelles contraintes », explique Caroline Coulombe, professeure et chercheuse à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.
Les entreprises, poursuit-elle, doivent progressivement quitter le mode gestion de crise, qui est marqué par une ligne de commandement du haut vers le bas, pour retrouver un mode de gestion plus collaboratif, qui laisse plus de place aux employés.
On doit retomber dans un mode de gestion ascendant, du bas vers le haut, pour aller trouver des réponses chez nos employés, qui eux, vivent ces adaptations-là . C’est avec eux qu’il faut construire nos nouvelles
solutions », explique la chercheuse.
David Lampron, CRHA, associé chez Équipe Humania, invite pour sa part les entreprises à faire preuve d’agilité pour traverser les prochains mois:
Les règles et les procédures ne sont pas coulées dans le béton. On doit s’adapter au jour le jour. La situation actuelle demande beaucoup d’agilité, au sens où on doit être capable d’analyser collectivement une situation et trouver des solutions au jour le jour, pour régler la foule de petits problèmes qui se présentent. »
Le conseiller RH explique que certains gestionnaires habitués de fonctionner dans un cadre très structuré pourraient être « paralysés » par le contexte, alors que ceux qui ont une structure de penser « adaptable » tireront plus de facilement leur épingle du jeu.
Faire attention aux humains
Jusqu’à maintenant, la «nouvelle normalité » se caractérise par son aspect incertain; ce qui était vrai hier ne le sera pas nécessairement demain. Les gestionnaires doivent par conséquent maintenir certaines pratiques de crise, et ce, même si elles ne sont plus « en gestion de crise » à proprement parler.
En période d’incertitude, ce qu’on l’on propose comme chercheurs, c’est le principe de précaution, explique Caroline Coulombe. Il faut que l’humain devienne notre premier filtre de décision. On doit prendre des décisions pour protéger l’humain. »
David Lampron partage ce souci.
C’est important de prendre le pouls de la santé psychologique du personnel tôt dans le processus de retour au travail. Donc de rencontrer les employés individuellement, pour s’assurer qu’ils comprennent les nouvelles normes, mais aussi, pour connaître leur perception et comment ça les affecte personnellement. Il faut s’assurer que les nouvelles normes ne créent pas un traumatisme. »
Une autre façon de se soucier des employés est de poursuivre ou d’accentuer les mesures de reconnaissance :
La direction a le devoir de reconnaître les efforts considérables que fournissent les employés lors du retour au travail, poursuit David Lampron. Les gestionnaires doivent prendre le temps de souligner les efforts, la patience et la collaboration dont font preuve les employés. On doit sentir, comme employés, que la direction est derrière nous et nous supporte. »
Ce souci de l’autre s’applique à toutes les parties prenantes d’une organisation, rappelle Caroline Coulombe.
Il faut briser l’effet paternaliste de certaines structures, où tout vient du haut. C’est important de créer des vagues de reconnaissance en provenance de tous les niveaux. Pour y parvenir, on doit ouvrir un canal de communication, permettant un retour sur expérience des uns et des autres. La clé, c’est vraiment la communication. Les gestionnaires doivent avoir l’humilité d’ouvrir la conversation. Ça va aider les organisations à passer au travers de la crise. »
Devenir de meilleurs communicateurs
Avec une cohorte entière de travailleurs qui se retrouvent en télétravail du jour au lendemain, les gestionnaires ont sur les bras un défi supplémentaire : la communication à distance.
Au début de la crise, on s’est tous retrouvés sur Zoom, constate Caroline Coulombe. Je vois maintenant une certaine fatigue qui s’installe au sein des organisations. Des gestionnaires passent toutes leurs journées en vidéoconférence. On doit trouver une façon de créer de l’alternance dans les moyens de communication, que se soit en utilisant le courriel, le téléphone, la vidéoconférence. »
Il est également important d’identifier des moments où on ne se dérange pas, poursuit-elle.
On a parfois besoin de tranquillité pour avancer des dossiers qui demandent plus de concentration. »
Ne vous demandez plus quelle sera la compétence à développer comme gestionnaire en 2020. Elle tient dans un mot: l’adaptabilité.
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