Comment se déclenche l’anxiété au travail… et comment s’en libérer ? Reviewed by Kévin Deniau on . [caption id="attachment_62102" align="aligncenter" width="685"] Guylaine Morin : "Vous n'êtes pas l'anxiété !"[/caption] 15 janvier 2019 Le Bénévolat d’entraide [caption id="attachment_62102" align="aligncenter" width="685"] Guylaine Morin : "Vous n'êtes pas l'anxiété !"[/caption] 15 janvier 2019 Le Bénévolat d’entraide Rating: 0

Comment se déclenche l’anxiété au travail… et comment s’en libérer ?

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Guylaine Morin : « Vous n’êtes pas l’anxiété ! »

15 janvier 2019

Le Bénévolat d’entraide aux communicateurs (BEC) organisait hier, dans les locaux de la Factry, à Montréal, un atelier sur l’anxiété, dans le cadre d’une série d’événements se concentrant plus sur la prévention des risques dans l’industrie que la réaction. Isarta Infos y était. Compte-rendu.

« Outiller l’industrie ». Tels ont été les mots d’introduction de Valérie Charest, la gestionnaire du BEC, pour expliquer l’objectif de cet atelier sur l’anxiété, un problème vécu par bons nombres de professionnels mais pas souvent appréhendé à sa juste mesure. Pour rappel, le Bec avait déjà organisé l’été dernier une initiation à la pleine conscience au travail.

Et pour intervenir sur le sujet, devant une salle comble, une ancienne du milieu des communications devenue professeure de yoga en 2014, Guylaine Morin.

Après plus de 20 ans dans le secteur, en tant que pigiste dans la gestion d’événements, les relations de presse ou la conception/rédaction éditoriale, Guylaine Morin raconte l’arrivée d’une petite voix, intérieure mais insistante. « Qu’est-ce que tu fais d’utile ? Qu’est-ce que cela change si tu n’es plus là demain ? », répète cette dernière.

J’adorais ce que je faisais, mais il manquait quelque chose. Je commençais à ressentir une frustration », se rappelle Guylaine Morin.

L’anxiété, une notion tabou

Elle décide alors de faire un grand changement de carrière et de devenir professeure de yoga. Un retour sur son évolution professionnelle en guise d’exemple pour briser la glace et libérer les paroles.

On peut être hésitant en effet à parler d’anxiété. On préfère parler de stress. C’est comme quand on est en dépression mais qu’on parle de burn out. C’est plus acceptable socialement », explique-t-elle.

Guylaine Morin parle d’un flou de l’anxiété. Qui peut parfois virer au déni. On se dit qu’on est juste fatigué, qu’on doit prendre des vacances, alors qu’on manque de concentration et qu’on arrive de plus en plus difficilement à prendre des décisions.

Mon égo ne veut pas que cela soit de l’anxiété ! », analyse-t-elle.

Un environnement de plus en plus anxiogène

Il faut dire que le contexte est propice à éprouver de l’anxiété. D’une part, le monde est en perpétuel changement ce qui peut donner l’impression d’une réalité brouillonne où tout change en permanence. Ajouté à cela le multitâche, de plus en plus fréquent avec les nouveaux outils qui sont arrivés.

Le multitâche donne le sentiment d’être occupé… mais on accomplit pas tant de choses que cela, alors que cela fait augmenter notre anxiété et diminue notre concentration », rappelle Guylaine Morin, dans la lignée de ce que disait déjà Lucie-Anne Fabien lors d’un précédent atelier du BEC.

Dernier facteur anxiogène enfin : la quête du bien-être à tout prix qui nous fait nous questionner sans cesse.

Que l’on soit anxieux ou non, notre réalité est, en elle-même, anxiogène », résume Guylaine Morin.

Nommer la peur

Mais au fond, qu’est-ce que l’anxiété ? « C’est une peur de quelque chose qui n’intervient pas maintenant », répond l’intervenante. Les mots clés à retenir ici : il s’agit d’une peur, de tout un spectre de peurs plus précisément, liée à un événement qui s’en vient ou à une expérience passée.

Voir qu’il y a de la peur permet parfois de faire un pas de recul, indique Guylaine Morin. Nommer l’anxiété, c’est déjà faire une différence. »

Quelle différence avec le stress alors ? « Le stress est une réaction à un changement, à un déséquilibre qui se passe », poursuit-elle. « C’est normal de vivre une anxiété quand on vit un changement, on essaie de s’adapter. Mais c’est quand cela dure au-delà d’un certain temps que cela devient plus problématique ».

Guylaine Morin donne alors une image pour expliquer le concept. Elle prend un verre d’eau dans la main.

Je peux le tenir quelques minutes, il n’y a pas de problème. Mais il y a une vraie différence si je dois le garder toute la journée ! Il faut donc arriver à poser le verre. »

Le verre est bien entendu l’image des pensées anxieuses. Selon Guylaine Morin, nous avons d’ailleurs en moyenne près de 70 000 pensées qui nous passent dans la tête chaque jour. Il semblerait que la majorité de celles-ci soient identiques. Et dans le cadre de l’anxiété, c’est quelque chose que l’on entend et ré-entend encore plus. Ce qui nous pollue l’esprit… et a une influence sur notre corps.

Les 4 caractéristiques des situations stressantes

Guylaine Morin cite ici la chercheure montréalaise Sonia Lupien qui étudie le mécanisme du stress depuis plus de 20 ans. Cette dernière, auteur de « Par amour du stress« , a identifié 4 facteurs pouvant provoquer du stress, résumés dans l’acronyme CINÉ :

  • Contrôle. L’impression d’avoir moins de contrôle sur une situation.
  • Imprévisibilité.
  • Nouveauté. Qui demande une capacité d’adaptation.
  • Égo. C’est-à-dire ce qu’on présente aux autres. L’égo est quelque chose de très sensible et qui est menacé dès qu’on rencontre une personne.

Encore une fois, énoncer ces facteurs permettent de mieux comprendre les situations d’anxiété, nommer ce qu’il se passe et donc, au final, de prendre du recul.

Sortir de l’anxiété

Guylaine Morin conclut son intervention par quelques pistes pour réussir à reprendre le contrôle. La première passe par la respiration.

Notre souffle est lié à notre mental. Là où on va ton souffle, va ton attention. Notre respiration est un système qui fonctionne en mode automatique mais qui peut aussi être contrôlé. Ce qui peut avoir un effet lors d’une situation d’anxiété. »

Après quelques exercices pratiques, l’intervenante a rappelé que la respiration permet de faire une pause, d’être présent (« être là dans son corps ») et enfin donne du pouvoir à notre système nerveux

Autre conseil : « Ne pas se dire que nous sommes l’anxiété ! Autrement dit, ne pas dire « Je suis anxieux » mais plutôt « je vis de l’anxiété, il y a de l’anxiété ». Il faut réussir à décoller l’étiquette et ne pas penser que ce n’est que soi ».

Avant de lancer dans un dernier élan :

Et de de temps en temps, foutez-vous la paix ! »

 

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