La ponctualité est-elle une valeur en perdition au travail ? Reviewed by Philippe Jean Poirier on . [caption id="attachment_68162" align="aligncenter" width="596"] Photo : Fabrizio Verrecchia / Unsplash [/caption] 16 septembre 2019 À une époque où tout le mond [caption id="attachment_68162" align="aligncenter" width="596"] Photo : Fabrizio Verrecchia / Unsplash [/caption] 16 septembre 2019 À une époque où tout le mond Rating: 0

La ponctualité est-elle une valeur en perdition au travail ?

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16 septembre 2019

À une époque où tout le monde court après son temps, personne ne s’offusque d’apprendre qu’un employé est arrivé en retard au travail, surtout s’il a une bonne raison. Réactions de certains professionnels.

Depuis quelques années déjà, on observe un relâchement des travailleurs au niveau de la ponctualité. Si on se fit aux sondages annuels de CareerBuilder sur la ponctualité, le pourcentage d’employés américains qui arrivent en retard « une fois par mois » a oscillé autour de 25 % de 2012 à 2018. Avec parfois des excuses bien farfelues !

Au Canada, un sondage Accountemps de 2017 a révélé que seulement 28 % des Milléniaux étaient « toujours à l’heure » contre 55 % d’assidus chez les 55 ans et plus.

De plus, une part significative de gestionnaires et d’employeurs choisissent de lâcher prise dans ce dossier. Toujours selon Accountemps, 65% des employeurs disent que les retards occasionnels les laissent indifférents, tant qu’il ne s’agit pas d’une habitude.

Et dans un sondage de CareerBuilder de 2017, 18% des employeurs vont jusqu’à dire que la ponctualité leur importe peu… tant que l’employé livre la marchandise !

Remettre les pendules à l’heure

Le Québec – et plus largement l’Amérique du Nord – a pourtant la réputation de porter la ponctualité en haute estime. Pour s’en convaincre, il suffit de lire ce message du site Immigrant Québec destiné aux nouveaux arrivants :

Au Québec, la ponctualité est de mise. Une réunion prévue à 9h démarre effectivement à l’heure annoncée, ce qui implique que les participants sont arrivés une dizaine de minutes avant afin de prendre place et de récupérer les documents de travail mis à leur disposition. »

Elsa*, 36 ans, une rédactrice qui a roulé sa bosse sur le marché québécois, rigole en entendant cela.

Oh my God ! J’ai travaillé dans toutes sortes d’organisation et je peux dire que c’est loin d’être la norme ! Moi, je suis très ponctuelle : mais être à l’heure, c’est être 5 minutes en avance… gros maximum ! »

Quand on lui pointe que les Milléniaux sont plus en retard que leurs aînés, elle n’en croit rien :

Je ne pense pas du tout que ce soit un enjeu propre aux Milléniaux. Je connais une directrice qui n’est JAMAIS à l’heure pour aucune de ses rencontres, sauf lorsque ses supérieurs à elle sont concernés. Je remarque d’ailleurs que certains supérieurs hiérarchiques choisissent d’ignorer leur agenda dès qu’il s’agit de rencontrer leurs équipes. »

Changement de valeurs

Sans dire que la société québécoise a perdu tout sens de la ponctualité, on peut cependant admettre que la ponctualité en elle-même n’est plus valeur cardinale qu’elle a été.

Jusqu’aux années 70-80, les gens étaient majoritairement payés à l’heure, explique Joanne Greene, professeure de gestion. Ils étaient payés pour être là. De nos jours, on assiste à un virage vers la productivité qui se répercute dans la pratique du leadership : on est passé d’un mode de gestion centrée sur le temps à un mode de gestion centrée sur les résultats. »

L’autre grand changement de société qui s’est produit est le rapport de la génération Y avec l’autorité.

Dans ma génération, les X, comme celle des Boomers, on a été habitué à respecter l’autorité, observe Pascale Dufresne, coach en leadership. Mais je regarde nos enfants et leur notion de l’autorité n’est pas du tout la même. Arriver à l’heure, d’accord… mais seulement si ça fait du sens pour eux ! Ils n’obéissent pas à une règle de ponctualité juste pour y obéir. »

Pas de pitié pour les retardataires !

Elsa n’achète pas de telles excuses.

C’est juste une question de manque d’organisation, rétorque-t-elle. Si un de mes employés avait le malheur d’être en retard, il serait vite remis en place ! »

*L’intervenante a demandé l’usage d’un nom fictif, pour pouvoir s’exprimer plus librement.



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